6 août 2020

Déménagement, petits changements techniques

Mon ex hébergeur ayant modifié sa plate-forme technique et sa grille tarifaire, fin juin j'ai transféré mes 2 blogs (celui-ci, et blog.zamir.fr) chez un autre hébergeur. Je pensais que ce serait une simple formalité, mais c'était sans compter les dégâts collatéraux induits par la non-standardisation et l'obsolescence programmée...

Après avoir transféré mes données brutes, j'ai cafouillé dans l'installation du CMS Dotclear, et pour éviter d'y passer des jours et des nuits, j'ai fait appel à Webodrey, une toute petite agence "webmaster freelance" qui dépanne volontiers de tous petits clients. Alors voilà, c'est réparé maintenant, avec une interface un peu plus récente et sécurisée pour moi, le rédacteur.

Si vous voulez lire ce blog dans l'ordre chronologique, mon cyclo-voyage de 6 mois sur la route de la Soie commence là :

—> khush omaded

Khiva, la vieille ville. Itchon kala vue du bastion Konya kala

Il reste quelques imperfections qui peuvent dépendre, entre autres, de votre navigateur, de votre écran, ou de paramètres que je n'ai pas réglés correctement dans les formats d'affichage...

En particulier, j'ai eu des soucis de compatibilité avec les fichiers audio : Webodrey m'a proposé une bonne solution en code HTML, plus polyvalente que l'animation Flash par défaut de Dotclear.

Ivan Kupala : "Росы", album Радио Награ

Pour les photos, un progrès : comme précédemment, si avec votre souris vous passez sur une photo, sa légende s'affiche ; enfin, avec un ordinateur, parce que ça ne marche pas avec les écrans tactiles des tablettes ou smartphones.

Nouveauté : le zoom optimisé ! Si vous cliquez sur la photo, elle s'affichera automatiquement en aussi haute définition et grand format que possible, compte tenu des tailles de mon fichier et de votre écran :-) Et la légende de la photo s'affichera en bas du cadre de l'image.

Beau bivouac entre le col Ak Baytal et le lac Karakul

Par contre, pour visualiser la photo suivante, vous devez fermer la précédente et aller cliquer sur la suivante. Pour faire défiler un diaporama optimisé, il faudra attendre que j'ajoute, éventuellement, des galeries photo dans certaines pages.

Enfin, dernier détail : le filtre anti-spam pour les "Commentaires" semble nettement moins efficace que chez mon ancien hébergeur. C'est vraiment une plaie, cette invasion par les robots qui cherchent à insérer partout des liens pour des pubs dont on n'a rien à cirer... Il est donc possible que, lors de mes nettoyages périodiques, j'élimine par erreur un commentaire laissé par un internaute de bonne foi : en l'absence de réponse ou du publication du vôtre, vous pouvez me joindre à l'adresse suivante , que je n'écris pas en clair pour éviter qu'elle soit récupérée et inondée de pourriels :

postmaster @ nom du domaine

sans espaces, en remplaçant nom du domaine par khushomaded.fr

En route : —> khush omaded

24 juin 2019

Ma prochaine destination

Ce n’est pas…

Ses habitants étaient des nomades cavaliers pratiquant la chasse à l’aigle et le chant de gorge diphonique, mais ce n’est pas la Mongolie.

Kerwan : "Kөшпендилер"

Drapeau du -stan C’est un grand exportateur de pétrole et de gaz, mais ce n’est pas un pays du Golfe Persique. C’est un pays à cheval sur 2 continents et où on parle russe, mais ce n’est pas la Russie. C’est un pays turcophone à cheval sur 2 continents, mais ce n’est pas la Turquie.

C’est…

un pays en –stan qui manque encore à ma collection, et le plus grand d'entre eux. C'est la terre natale des premières pommes. C’ est le premier producteur mondial d’uranium.

Khan Tengri, 7010m. L'arête de marbre en fin d'après-midi, vue du glacier Diki, août 2013

En altitude, il s’étale de -132 m à +7010 m. Je verrai peut-être la face nord du point culminant, mais probablement pas de cavaliers dresseurs d’aigles : il en reste dans le nord-est du pays, mais cette fois je visiterai seulement le sud-est ( le pays est grand comme 5 fois la France ).

L’avez-vous reconnu ?

La suite sera là —> blog.zamir.fr

28 août 2015

Le jour le plus long

En différé, la dernière étape, celle du 18 août.

Aujourd'hui j'ai une journée de 28 h. Elle a commencé peu après minuit, heure locale UTC+4, quand le taxi est venu me chercher pour me déposer à l'aéroport.

Osh.Aéroport à 02:30 heure locale

Le policier qui surveillait l'embarquement a exigé que j'efface la photo de mon avion sur le tarmac : Аэрофлот ou Türk Hava Yolları ?

Une courte nuit plus tard, 4 fuseaux horaires plus à l'ouest, je suis en train de prendre mon deuxième petit-déj à la terrasse d' une bonne pâtisserie - salon de thé au centre-ville pendant mon escale. La même que celle où j'avais pris un savoureux petit-déj' en arrivant de Sofia à l'aller, il y a 6 mois.

Burhan Öçal : "Bugu jazz"

Istanbul, quartier de la gare Sirkeci. La boucle est bouclée, mar. 2015

Istanbul, la boucle est bouclée, après environ 5000 km en train, 6000 km à vélo, une vingtaine de cols à plus de 2000m dont 6 à + de 4000, avec la satisfaction d'avoir retrouvé "mon poids de forme" et un VO2max bien amélioré. Et surtout des dizaines de haltes chez des habitants qui m'ont ouvert leur porte et parfois bien plus.

27 août 2015

Des alpages aux containers. Arrivée à Osh.

Ordo Sakhna: "Эсиндеби"

Après les 3 cols "40 ans du Kyrgyzstan" (3550m), Taldyk (3615m) et Chyrtchyk (2388m), il n'y a plus qu'une longue descente en pente douce pour arriver à Osh.

Yourtes et roulottes dans la descente du col Taldyk

On commence par rouler dans des alpages où les coins de bivouac *** ne manquent pas, mais il faut parfois les partager avec des yourtes, et donc courir le risque de boire le kymyz (lait de jument fermenté dans des outres en plein soleil).

Entre Gultcha et le col Chyrtchyk. Route kyrgyze typique.

Les troupeaux de chevaux, vaches, moutons et chèvres ont remplacé les yaks. Puis viennent les villages agricoles, avec des arbres fruitiers (surtout pommiers et abricotiers).

Vallée de la rivière Gultcha

Ces dernières journées de route sont jolies. La vallée de Gultcha est très colorée.

Camions de charbon dans la vallée de Gultcha

La route est bonne, faut juste se réhabituer à la chaleur, et à ne pas rouler au milieu car il y a plus de circulation que dans le Pamir. Et retenir sa respiration quand on est doublés par des camions de charbon, pour ne pas avaler trop de poussière...

Chyrtchyk, dernier col du voyage.

Au sommet du dernier col, un chauffeur de marshroutka m'a offert 2 succulentes pêches blanches que j'ai avalées dès qu'il a eu le dos tourné, et un pain que j'ai à peine goûté car il m'en restait encore un sur les 2 que Baboy m'avait donnés au col Uy Buluq...

Arrivée dans les faubourgs d'Osh. Fruits et légumes à gogo !

Enfin, un peu avant Osh, on roule entre 2 rangées de stands de fruits et légumes: tomates, concombres, melons, pastèques, abricots, pêches,...

Tapchan en terrasse d'un restaurant d'Osh

A Osh, j'ai commencé par faire une sieste géante dans une des guesthouses recommandées par des cyclo-voyageurs croisés dans le Pamir (Bayana, sur Prospekt Lenin), puis j'ai visité des restaurants, le parc, et le bazar.

Le bazar d'Osh et ses containers

Beaux containers du bazar d'Osh Etonnant : le bazar est un énorme empilement de containers qui servent de boutiques. Je n'en avais encore jamais vu autant à la fois, sur 2 étages !

Bazar d'Osh, haut lieu de la récup de containers.

Une allée du bazar concentre les containers de souvenirs et divers produits artisanaux typiquement kyrgyzes, en particulier des objets en feutre (couvre-chef, tapis, chaussons,...).

Jeunes kyrgyzes portant fièrement leur ak kalpak

On y trouve aussi des instruments de musique traditionnels, dont un instrument à percussion en bois qui imite le bruit des sabots de cheval.

Instruments traditionnels kyrgyzes. Avec l'aide de ma voisine de chambre Monica, une cycliste roumaine qui termine son voyage au Kyrgyzstan en marshroutka suite à la rupture de son porte-bagages, je récupère au bazar quelques cartons pour emballer mon vélo.

Voilà, j'ai encore un énorme stock de photos à trier et des souvenirs plein la tête. Demain, je prends l'avion à Osh. Mes grandes vacances sur la route de la soie sont terminées...

Le coin des joueurs d'échec dans le parc central d'Osh

26 août 2015

Petit palier de recompression

Vallée entre Kyzyl Art et Sary Tash

Tampons de la police sur mon passeport faisant foi, je suis sortie du Tadjikistan le 8 août et entrée au Kyrgyzstan le 9 ! On peut bivouaquer entre les 2 postes frontière, distants d'une vingtaine de km, ou même loger chez Taalaybek, le cantonnier : il dispose d'une modeste maison de fonction juste à coté du premier poste de contrôle des passeports côté kyrgyze du col.

Descente du Kyzyl Art sur Sary Tash. Fin de la piste, place à la route !

Asylbek Ozubekov : "Күкүк"

Touffes d'edelweiss dans les prés La descente vers la large vallée de Sary Tash (altitude 3100m) est très belle, et on a le plaisir de revoir et de humer progressivement de l'herbe, des fleurs (plein d'edelweiss ! ) et des plantes aromatiques, des yourtes et des troupeaux, et des arbustes (des génévriers). Ca fait du bien.

Alpages entre Sary Tash et Sary Mogol

Pour les arbres fruitiers (pommiers et abricotiers), il faudra attendre d'avoir passé un dernier col à 3600m entre Sary Tash et Gultcha.

Sary Tash. Au fond, le Pamir tadjik.

Mais au petit restau le long de la route à l'entrée de Sary Tash, j'ai pu dévorer du poulet rôti et une salade tomate-concombre.

Sary Mogol. Coucher de soleil sur le Pamir Alaï.

Et c'était encore mieux au homestay Abdumalik à Sary Mogol, où je me suis reposée une journée complète : une soupe aux petits pois avant les macaronis, et de la confiture d'abricots au petit-déj !

Pic Lénine (7134m) vu de Sary Mogol (3000m).

Par contre, j'ai bien failli ne pas voir le pic Lénine (7134m) : le brouillard ne s'est dissipé qu'au moment où je repartais.

Plateau entre Sary Tash et Sary Mogol. Pik Lenin.

Enfin, derniers cols, et j'en ai même eu 3 pour le prix de 2 : le "petit" col à 3550m avant le Taldyk (3615m) porte maintenant officiellement un nom, signalé par un beau panneau à la gloire des 40 ans (??) du Kyrgyzstan.

Alpages près du col Taldyk

25 août 2015

Après moi le déluge

Zhugom : "Турд донд а джон зеб хид"

Pont frontalier d'Ishkashim et site du marché tadjiko-afghan

Maintenant que je suis sortie du Tadjikistan, je peux vous en dire un peu plus que ce que raconte le site officiel que vous avez très très bien fait de ne pas consulter : les "conseils aux voyageurs" du ministère des affaires étrangères semblent avoir pour principal but de vous inciter à rester cloîtrés en France pendant toutes vos vacances. C'en est une honte, à quel point ce site manque d'objectivité pour certains pays (en particulier l'Iran), et tarde tant à mettre en ligne des mises à jour quand un problème est réglé... Mais il y a quand même eu quelques perturbations dans le Badakhshan tadjik cet été.

Un affluent du Pyanj a emporté un pont côté afghan

Comme la plupart des voyageurs, je serais bien allée faire une petite visite au marché transfrontalier tadjiko-afghan d'Ishkashim qui a habituellement lieu le samedi. Hélas lors de mon passage, un vendredi en début d'après-midi, le pont sur la rivière Pyandj était fermé et on m'a dit qu'il n'y aurait pas de marché.

Pont et poste-frontière fermé à Ishkashim.

J'ai appris un peu plus tard que cette fermeture faisait suite à un affrontement entre sunnites afghans et ismaëliens pamiris un précédent jour de marché il y a quelques semaines. Mais différentes explications ont circulé, difficile de savoir laquelle était la plus vraie... Ce qui est sûr, c'est qu'un petit groupe armé de talibans s'est installé à une cinquantaine de km à l'ouest de Khorog, au bord du lac Shiva.

Garde-frontière revenant de la cueillette d'abricots

Un peu plus en amont dans la vallée, une patrouille de garde-frontières m'a offert des abricots (mes derniers fruits frais pour 3 semaines), mais le lendemain matin, constatant que j'avais bivouaqué dans un champ avec une belle vue sur la rive afghane, le chef m'a expliqué qu'il ne voulait pas que des touristes bivouaquent à portée de fusil de l'Afghanistan. Parfois les patrouilles délogent les cyclo-campeurs, mais il y a suffisamment peu de soldats par km de route pour qu'on puisse la plupart du temps bivouaquer tranquilles et sans risque (les Talibans ne sont encore jamais arrivés à s'installer dans le corridor de Wakhan).


Mise à jour : triste nouvelle... Fin juillet 2021, les Talibans ont pris le contrôle de la province afghane du Badakhshan, y compris, pour la première fois, le corridor de Wakhan. :-(


Patrouille de garde-frontière dans le corridor de Wakhan

Quelques jours plus tard, peu après Langar, j'ai rencontré une autre patrouille de garde-frontière dont le chef était fort embarrassé : un de ses soldats avait disparu, sans bagages mais avec arme. Ce jeune officier m'a demandé si j'avais des jumelles, il m'a emprunté mon monoculaire quelques instants, a scruté les environs, et me l'a rendu en m'expliquant, l'air résigné, que s'il ne retrouvait pas son soldat, il irait au trou.

Région frontalière désertique entre Langar et Kargush. L'orage ne va pas tarder à passer de la rive afghane à la rive tadjike

J'en ai profité pour lui demander si je pouvais bivouaquer un peu plus loin en contrebas de la route, là où je voyais le terrain s'aplanir un peu : il m'a répondu que oui, il n'y avait pas de danger, son soldat manquant était un brave type. Le lendemain matin, ils ratissaient encore le secteur à la recherche du soldat disparu. Je ne connais pas la suite de l'histoire. Je ne sais pas si ce soldat a déserté pour aller s'enrôler comme mercenaire en Afghanistan, mais cette hypothèse me semble plus probable qu'une attaque de loups ou de léopard des neiges...

Cantonnier tadjik dans un camion tout-terrain

Ensuite, j'aurais bien aimé revenir d'Alichur à Khorog en taxi collectif pour voir le festival international de folklore pamiri "Le toit du monde". Hélas, cet été le Gorno Badakhshan a été plus durement touché que les années "normales" par des inondations et glissements de terrain, car à la fonte des neiges et glaciers s'est ajoutée une quantité inhabituelle de pluie. La route M41 a été coupée en aval et en amont de Khorog : un pont cassé (mais assez rapidement réparé) près de Vanj, et un gros glissement de terrain près de Barsem, qui a coupé non seulement la route mais aussi le cours de la rivière Gunt, provoquant la formation d'un petit lac à la stabilité incertaine...

M41 à l'ouest d'Alichur : déviation, route coupée à 180 km

D'autres petites routes ou pistes transverses ont été coupées, et les passages de gué étaient parfois difficiles. J'ai rencontré des touristes tchèques dont le 4x4 est resté coincé une journée complète dans un gué au sud-est d'Alichur : ils ont marché jusqu'à la M41 pour demander le secours d'un camion.

Convoi de ravitaillement contournant la coupure de la M41 via Kargush

Des dizaines de maisons ont été endommagées et évacuées. Le président tadjik est venu se montrer à Khorog en hélicoptère et a décrété l'état d'urgence dans le GBAO. Du coup, le festival 2015 a été annulé. En fouillant sur le net, je découvre qu'il a finalement été reporté d'un mois, donc a eu lieu peu après mon retour en France. C'est un moindre mal.

Route M41 au nord-est de Murgab après les orages de début août

Enfin, d'autres orages dans l'est du Pamir ont provoqué des glissements de terrain près de Rangkul et une rupture de pont près de Murgab. Le festival de jeux équestres At Chabysh de Murgab a lui aussi été reporté cette année.

Dernières étapes au Tadjikistan

Peu de trafic entre Murgab et la frontière. Ce sont souvent des camions chinois.

Après Karakul, il reste guère plus de 100 kilomètres à parcourir avant de quitter le Tadjikistan.

Shantel : "Қош жылдыз"

Abords du village de Karakul. Collecte de petit bois en side-car.

En fait, on le quitte progressivement, puisque depuis Alichur, la population — très clairsemée — est majoritairement kyrgyze.

Cimetière kyrgyze peu après Karakul

Plus que 2 cols au-dessus de 4000 m : Uy Buluq et Kyzyl Art. Je me déleste de mes derniers somonis tadjiks en les échangeant contre les derniers soms kyrgyzs de Gaël, un cyclo-voyageur français qui a travaillé 6 mois à Bishkek avant de reprendre la route en direction de Dushanbe, via le Pamir.

Rubarbe sauvage près du lac Karakul

On s'est croisés, et on est restés un moment sur la route dans ce beau paysage désolé, pour échanger, outre nos quelques soms / somonis, nos impressions sur ce qu'on avait perçu des différences entre sunnites et chiites dans les pays où on avait séjourné. Avec une même conclusion : un jour ou l'autre, on aurait envie de revenir en Iran et dans le Pamir tadjik.

Entre Karakul et la vallée aride de Markansu, on longe de nouveau la longue clôture barbelée entre ex URSS et Chine

Je fais une autre rencontre surprenante peu après : je revois le grand cyclo-voyageur genevois Claude Marthaler, alias le Yak, que j'avais rencontré à Khorog, mais cette fois il est en voiture ! Il retourne à Murgab avec un caméraman de la RTS pour faire un reportage sur le festival de jeux équestres qui devrait s'y dérouler dans 2 jours.

Lac Karakul vu depuis la montée au Uy Buluq

Cycliste en tenue anti-coup-de-soleil Le premier col est presque facile, malgré un raidillon juste au nord du lac Karakul : il n'est qu'à 300 m plus haut que le lac, et la route est encore asphaltée. Presque, car dans mon sens de parcours, le vent dominant est de face et souffle bien fort... Le paysage commence à devenir vraiment très minéral, à l'exception d'un petit alpage assez vert juste au sommet du col Uy Buluq où je bivouaque sans le savoir à moins de 200 m d'un camion en panne.

Bivouac au col Uy Buluq, 4230 m. En contrebas, on devine la vallée aride de Markansu

Le lendemain matin, dernière rencontre tadjike : Baboy, le chauffeur du camion en rade après le virage suivant, vient me proposer le thé. Il trouvait le temps long : il est là depuis 4 jours. Après la panne, quand il a constaté qu'il ne pouvait pas réparer, il a fait 5 km à pied car il savait qu'on captait de nouveau du réseau GSM un peu avant le lac Karakul, et depuis, il attend la livraison de pièces de rechange qui devraient arriver aujourd'hui par un autre camion.

Baboy et son camion en rade depuis 4 jours, août 2015

Baboy est un ex militaire en retraite. Il a servi en Afghanistan du temps où le Tadjikistan était soviétique, et continue à s'y rendre régulièrement pour livrer des marchandises en camion, car rester inactif chez lui l'ennuie. Quand je lui demande si ce n'est pas dangereux, il répond simplement "J'ai l'habitude". Il insiste pour m'offrir du pain (alors qu'il m'en reste), je le remercie en lui proposant une petite poignée de fruits secs, et il m'aide à pousser mon vélo dans le gué juste derrière le col.

Le tronçon de route entre Uy Buluq et Kyzyl Art est désertique et très dépaysant.

Large vallée désertique de entre les cols Uy Buluq et Kyzyl Art

De hautes montagnes aux roches colorées par divers minerais encadrent des fonds de vallées presque plats et assez larges.

Route M41 dans la vallée de Markansu. Vent tourbillonnant, mais surtout de face....

Le vent (encore de face) soulève poussière, sable et sel, et génère des mini-tornades qui se déplacent de part et d'autre de la route, laquelle redevient piste au moment de monter au Kyzyl Art (4280m).

Zone désertique entre Uy Buluq et Kyzyl Art, district de Murgab

Enfin, en fin d'après-midi, alors que je commençais à douter de pouvoir passer le Kyzyl Art avant la nuit, j'aperçois la ligne de crête de roche rouge qui annonce le col (kyzyl, en kyrgyze, c'est rouge) et j'arrive au poste frontière, puis à la frontière juste au col, 2 km plus haut. Mon dernier 4000. A la fois soulagée d'en finir avec la traversée des hauts plateaux du Pamir, et triste de quitter le Tadjikistan.

Kyzyl Art, 4282m. Dernières vues sur le Pamir tadjik

22 août 2015

Karakul, le lac noir turquoise

Entre Ak Baïtal et Karakul

Asankan Jumakmatov : "Кыргыз оймолору"

Traces de yourtes au pied du col Ak-Baïtal

A partir de la descente du col Ak Baytal sur Karakul, j'ai enfin eu du beau temps ! Et les paysages étaient grandioses.

Pic Muzkol (6129m) vu depuis la M41 peu avant Karakul

A vrai dire, cette grandiositude est difficile à rendre en photo. De même que la rapidité avec laquelle les éclairages changent.

Lac Karakul et lumières de fin d'après-midi

Photo à la con... Cycliste et tête de yak Faut bien que les cyclistes qui se fatiguent sur la M41 avec le vent de face, en bouffant des nouilles tous les jours, aient un petit avantage sur vous, qui regardez les photos depuis votre fauteuil...

Lac Karakul (3920m)

Karakul-les-Flots. La plage est tranquille Ak en kyrygze, ça veut dire blanc. Kara, c'est noir ; Karakul signifie "lac noir", mais souvent, il a une belle couleur turquoise.

J'ai presque hésité à me baigner, mais y avait un petit vent frais.

Karakul, lac et entrée du village

Karakul est aussi le nom du village perdu au bord de ce lac, à 3900 m d'altitude.

Karakul. Mosquée au centre-ville

On se demande ce qu'il fait là, car à part une source d'eau potable et un superbe paysage, il n'y a vraiment pas grand chose d'attractif.

Etendage à linge en pylone recyclé

Le lac est trop salé pour contenir des poissons comestibles, aucun fruit ou légume ne pousse dans le secteur, et l'herbe est trop maigre pour nourrir les yaks qui sont en alpage dans une autre vallée.

Karakul, centre-ville en début de matinée

Douches du gîte Saadat à Karakul Saadat, Kyrgyze tadjik de Karakul. Mais il y a une caserne, et 3 maisons ou yourte d'hôte pour les touristes de passage, dont la chaleureuse maison de Saadat avec sa confortable salle de bains (faut juste demander 1 h à l'avance pour qu'il fasse chauffer les bassines à la bouse de yak).

C'est à lui que j'ai donné les quelques médicaments qui restaient dans ma trousse de secours. Et comme je cherchais mes mots pour lui expliquer en russe à quoi servait quel médicament, il m'a dit simplement "Ne t'inquiète pas, ma fille est infirmière à Murgab, elle en fera bon usage".

20 août 2015

Le col le plus haut

Difficile de se motiver pour les dernières mises à jour quand on n'est plus en voyage. Mais bon, je ne vais pas vous priver des plus belles étapes du Pamir...

Shantel : "Өмүр"

On en était donc à Murgab et son pont cassé.

Pont devenu gué suite à des orages

J'ai eu de la chance au passage du gué. Après avoir chaussé mes sandales Vibram et hésité quelques longues minutes, j'allais commencer à me mettre à l'eau, bien boueuse et froide, un peu en amont de l'effondrement, là où la rivière était plus large donc moins profonde et/ou avec un courant moins fort. Eh oui, c'est le bon moment pour se souvenir du théorème de Bernoulli. Mais bon, j'étais quand même pas complètement rassurée, surtout qu'il fallait faire au minimum 2 navettes pour passer vélo puis sacoches (le vélo avec 4 sacoches offrirait trop de prise au courant)

Sauvée par un camion de cantonniers !

Et là, un camion tout-terrain kaki de l'ex Armée Rouge acheminant une équipe de cantonniers est arrivé, et m'a transportée jusqu'à la sortie de la zone inondée.

Un motard qui arrivait en face attendait qu'un autre camion se pointe en sens inverse ; ça peut prendre un moment, il y a peu de trafic entre Murgab et la frontière kyrgyze.

Après, yavaipluka monter tout doucement jusqu'au col Ak Baytal, le plus haut du trajet (4655m).

Entre Murgab et Ak Baytal. Arc-en-ciel en fin d'averse.

On longe sur des dizaines de kilomètres une longue clôture barbelée qui délimitait la "zone neutre" entre ex URSS et Chine ; elle est située à une dizaine de km de la frontière proprement dite.

Vallée de l'Ak Baytal et clôture URSS / Chine.

J'ai bivouaqué avec 2 cyclistes biélorusses dans un emplacement de bivouac *** que j'avais repéré avec ma petite longue-vue avant de voir leur tente.

Bivouac à 4300m avec des Biélorusses entre Murgab et Ak Baytal

Anatoliy et Anya prévoient de rouler de Bishkek jusqu'au Caucase en 3 mois, c'est un rythme nettement plus sportif que le mien !

Ak Baytal 4655m : et de 4 (cols à + de 4000m)

Le lendemain j'ai franchi les 5 derniers km à 3 km/h de moyenne, sous une petite pluie fine et fraîche. Pendant ma petite pause au sommet, à 4655m, j'ai vu arriver deux camions qui montaient poussivement, capot ouvert pour aérer le moteur.

Point culminant de mon parcours : col Ak Baïtal, 4655m

Et j'ai interrompu le long tronçon de tôle ondulée de la descente vers Karakul

Descente du col Ak Baytal vers Karakul, le long de la clotûre de la zone interdite entre ex URSS et Chine.

en installant le bivouac dès 15h30 dans un emplacement *** aussi, avec Wicka et Paul, 2 hollandais qui commencent un voyage de 6 mois dans le Pamir puis en Chine.

Bivouac à 4300m avec des Hollandais entre Ak Baytal et Karakul

16 août 2015

Murgab, district des yaks

Sur la route M41 peu après Alichur

Ynak Osmonaliev : "Айлуу Кеч"

Route M41 , sortie Est d'Alichur

J'aurais du mal à expliquer pourquoi, mais rouler à vélo sur les hauts plateaux de cet immense massif est assez planant.

Haut-plateau entre Alichur et le col Naïzatash, juil. 2015

C'est un grand plaisir de glisser tranquillement sur les faux-plats (même s'ils sont parfois montants...), en regardant défiler les sommets en arrière-plan.

Le long de la route M41 à l'est d'Alichur, juil. 2015

D'Alichur à Murgab, la route M41 est encore en bon état et il n'y a qu'un petit col peu pentu (un "+ de 4000" facile, super ! ). J'ai failli bivouaquer au col Naïzatash, c'était beau.

Col Naïzatash 4137m

Mais comme il était encore tôt, et que les nuages noirs du sud semblaient vouloir se rapprocher, j'ai continué jusqu'à Mamazaïr, où ma carte indiquait un petit village avec homestay. En guise de village il y a 3 maisons et une yourte. Mais on peut effectivement être hébergé au choix dans une des maisons ou dans la yourte.

Yourte-stay à Mamazaïr.

J'ai opté pour la yourte. La famille d'accueil m'a préparé un thé avec pain et yaourt de yak, puis un plov.

Fin de journée à Mamazaïr. Hiver sera rude, homme kyrgyze stocker bouses de yak..., juil. 2015

J'ai profité des beaux éclairages de fin d'après-midi et j'ai assisté à la traite des yaks.

Mamazaïr : 3 maisons et 1 yourte.

C'est un peu plus sportif qu'avec les vaches. Il faut amorcer la pompe en laissant le bébé yak téter un petit peu, puis lui ôter les pis de la bouche pour traire la mère, à qui on a préalablement entravé les pattes. Et un bébé yak, c'est moins docile qu'un veau et ça devient vite costaud...

Traite des yaks à Mamazaïr

Ensuite, comme presque chaque nuit, il a plu. La yourte a un peu pris l'eau, mais pas du côté où mes hôtes avaient installé mon couchage. Après le petit-déj au shir tchaï, le thé au lait salé, la maîtresse de yourte m'a massé le dos pour me relaxer du torticolis que j'avais chopé en arrivant à Bulunkul.

Gorges à l'ouest de Murgab

Le lendemain je suis arrivée tranquillement à Murgab, je me suis posée dans l'hôtel qui avait des douches chaudes et un restau correct.

Maintenance de la pompe à eau de l'hôtel : on pourra se doucher ce soir

Je me suis accordé 2 jours de pause, j'ai fait un peu de shopping au bazar (2 briquets, 3 carottes, un concombre, des boules de kurut pas trop dures...) en compagnie de Kay, une énergique cycliste japonaise qui traverse le Pamir en sens inverse du mien, et qui m'a appris qu'un pont venait de casser au nord-est de Murgab.

Murgab

Suite au prochain épisode.

Yaks dans la vallée entre Ak Baytal et Karakul

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