Traversée d'Europe en train+vélo
Pour les mordus de vélo et de transports en commun, voilà le détail de mon itinéraire Grenoble-Istanbul.
Je suis passée par Suisse, Autriche, Hongrie, Serbie, et Bulgarie. Il y a d'autres variantes possibles, via la Slovénie ou la Roumanie. L'option Slovénie mériterait d'être tentée, c'est un petit pays agréable à vélo. Chercher les horaires via Ljubljana ou Maribor sur Deutsche Bahn, en cochant l'option "Vélo admis". En attendant, voici la variante que j'ai testée.
NB : j'avais emporté une carte d'Europe des voies ferrées, c'est bien pratique, car les voies ferrées sont souvent peu visibles sur les autres cartes routières.
Grenoble-Genève : train régional. Dommage qu'ils soient si peu fréquents...
Genève-Zürich : un train toutes les 30 minutes, et ils ont tous des places vélos. Une partie de ces trains sont à réservation vélo obligatoire ; pour les autres le billet journalier vélo suffit. Après ça se corse un peu.
Le train de nuit Zürich-Beograd, je l'ai vu en passant, avec sa petite collection de voitures autrichiennes, slovènes, croates et serbes. Mais il est interdit aux vélos, donc j'ai pris le train de nuit Zürich-Wien. La première moitié du train va à Budapest, mais pas de chance, les 6 places vélos sont dans l'autre moitié du train, qui s'arrête à Wien Hbf.
Pour rejoindre Budapest avec un vélo, changement à Wien et Győr, ou Wien et Bratislava, selon l'heure. Je ne sais pas comment est aménagée la gare de Bratislava, mais à Győr, escaliers sans rampe ni aszanszőr.
Les trains venant directement ou indirectement de Wien n'arrivent pas tous à la même gare de Budapest, et je ne suis pas arrivée à celle indiquée sur mon billet à cause de travaux.
Me fiant aux horaires publiés sur Deutsche Bahn, je suis allée à vélo de Budapest-Kelenfőld à Budapest-Ferencváros : erreur, Ferencváros est une grande gare de triage sans guichet... Le chef de gare m'a dit d'aller à Budapest-Keleti, d'où partent la majorité des trains internationaux. Mais là, unanimité aux guichets : un train international pour Beograd, oui, mais avec vélo, impossible.
Je demande donc un billet pour Szeged, les petites gares-frontiére de Kelebia ou Röszke n'étant pas desservies directement depuis Budapest. Eh bien, les trains pour Szeged partent d'une autre gare, Budapest-Nyugati, que je rejoins à vélo. J'arrive à Szeged de nuit. Szeged est une ville-étape agréable et tout-à-fait "cyclable".
Je repars le lendemain peu après midi. L'affichage en gare de Szeged indique, entre autres trains régionaux ou "InterCity Paprika", 3 trains par jour pour Subotica. Au guichet, on me vend le billet sans supplément vélo : pour le vélo il faut demander au contrôleur.
Pas de problème pour charger mon vélo dans ce minuscule train de 1 voiture, qui nous emmène jusqu'au poste-frontière de Röszke / Хоргош. Là, c'est encore une vraie frontière, on sort de l' "espace Schengen" et de l'UE. On doit descendre du petit train hongrois pour monter dans un petit train serbe, chaque train faisant 10 à 20 minutes d'arrêt à sa gare-frontière (selon l'affluence, pour le contrôle des passeports), tout ça pour faire 46 km...
A Subotica, accueil assez peu aimable au guichet ; je comprends que pour les vélos, il n'y a rien de prévu, il faut voir avec le contrôleur. Celui de mon train me demande d'abord d'attendre un peu, puis me dit de monter en voiture de queue, où j'ai rangé mon vélo entre 2 portes. Pas super pratique car il fallait que je le bouge en gare si quelqu'un voulait passer par là, mais le trajet n'était pas bien long.
Me voilà donc enfin dans le train pour Beograd. Je remarque que nous sommes dans des wagons "MAV", les chemins de fer hongrois. Et en regardant un peu partout, je découvre, ô surprise, que je suis dans un EuroCity direct EC345 Wien-Beograd via Budapest ! Et mieux, j'ai un billet "supplément vélo" officiel dans ce train international interdit aux vélos... juste en Hongrie !
Episode suivant : en gare de Beograd, je vois qu'il n'y a qu'un direct Beograd-Sofia par jour, et c'est le train de nuit. Au guichet, on me vend un billet "de base" et on m'explique que pour une couchette ou le vélo, il faut voir avec le contrôleur. Le contrôleur ne voit aucun inconvénient à accueillir cyclistes et vélos, à partir du moment où on est d'accord sur le tarif du supplément couchette+vélo. Cette fois par contre, le système semble plus informel, pas de billet officiel pour le supplément. Mais comme j'ai un compartiment de 6 pour moi et mon vélo (attention, c'était en basse saison, en été ces trains sont nettement plus fréquentés), moyennant 15 € que j'ai pu payer en dinars serbes, je n'ai vraiment pas de quoi me plaindre.
Marin, un cycliste bulgare qui avait lui aussi un compartiment pour lui et son vélo, m'a confirmé que c'était un tarif honnête. Arrivée tranquille à Sofia avec 1h1/2 de retard et 1 h de décalage horaire.
Après une pause bien agréable chez des amis bulgares, je prends le billet du tronçon suivant, Sofia-Istanbul. Déception : à cause de travaux sur les voies ferrées turques, ce train de nuit est remplacé par un train sans couchettes jusqu'à la frontière, puis par des bus. Oy oy oy...
Mais j'ai à peine le temps d'imaginer le pire, à savoir entrer dans Istanbul à vélo, que la dame au guichet me rassure : "Vous avez un vélo ? Vous verrez avec le contrôleur, mais pourquoi y aurait-il un problème ?" J'ai l'impression que je suis enfin arrivée aux portes de l'Orient.
Dernière étape en Europe : en effet, aucune difficulté pour le vélo, même pas le moindre supplément à payer. J'ai pu profiter tranquillement d'un vieux train bulgare dont le chauffage était en panne, et du passage de frontière + transbordement train/bus à 2 h du matin à Kapikule...
Côté turc, la police des frontières a failli refouler un jeune touriste espagnol barbu en lui demandant s'il voulait aller en Syrie, et a minutieusement fouillé ma sacoche cuisine+atelier ( réchaud, gaz, outils, chargeurs...). Pas de souci pour embarquer le vélo en soute dans l'autocar. Arrivée à Istanbul-Sirkeci à l'aube.
Publié le 12 mar. 2015 par Moi