Bon, c'était bien la peine que je passe à la boutique Megafon de Murgab pour recharger ma carte SIM tadjik et faire activer l'option Megabyte Onlaïn.
Ça pédale dans la semoule dès que j'essaie de charger une photo. Y a pas de wifi à l'hôtel le plus cher et le plus occidentalisé du patelin (25 $ la chambre avec WC + douche à l'étage), et l'internet-café est en panne.
A moins que je trouve par miracle un accès wifi avec un débit correct quelque part, je pense que vous devrez attendre une collection de mises à jour différées quand je prendrai quelques jours de repos à Osh, où je devrais normalement arriver dans une douzaine jours.
Osh est la 2ème plus grande ville du Kyrgyzstan (ville centre 250 000 habitants, agglo 500 000), située à 900 m d'altitude dans la grande et fertile vallée de Fergana et à moitié peuplée d'Ouzbeks. Ça changera de Murgab, 2ème moins petite ville du Gorno Badakhshan tadjik (4000 habitants), située à presque 3700 m d'altitude sur un haut plateau semi-désertique, et peuplée à 70% de Kyrgyzs.
Après plus de 140 km de piste pénible entre Langar et Bulunkul, quel soulagement de retrouver un grand tronçon de M41 asphalté !
La route a un peu souffert du niveau inhabituellement élevé des eaux des torrents cet été, mais la signalisation routière s'est rapidement adaptée.
Soulagement aussi de trouver un restaurant dès l'entrée d'Alichur, et un poste de soudure chez un voisin de Taygabek, le sympathique et accueillant berger kyrgyze propriétaire du homestay Marco Polo.
Le poste de soudure à l'arc était alimenté par un groupe électrogène qui fumait bien noir, et le gars soudait sans lunettes...
Mais bon, ça marchait pour l'acier, j'ai pu faire ressouder l'œillet de fixation du porte-bagages avant droit. Il était temps : pour éviter que ça craque en route, j'ai fait les 50 derniers km avant Alichur avec la sacoche avant droite sanglée sur le porte-bagage arrière et le sac à dos de la tente sur mes épaules. Conduire un vélo ainsi déséquilibré sur une piste qui secoue, c'est très inconfortable, j'ai chopé un torticolis et une tendinite...
Pendant ma journée de repos avec cure d'ibuprofène, j'ai pu profiter du banya du homestay Marco Polo, dont plusieurs cyclistes croisés en chemin m'avaient parlé. C'est très rustique, mais parfaitement fonctionnel !
Pour terminer, Alichur n'est pas vraiment une ville.
Mais un grand village de 1800 habitants (sans compter moutons, chèvres et yaks) où il y a plusieurs minuscules magasins, 2 ou 3 homestays et un hôtel-restaurant, après quelques jours dans le désert d'altitude, c'est l'opulence...
Ne faites pas attention aux dates précises sous le titre de chaque article : les articles sont mis en ligne au gré des accès internet, avec un délai de plusieurs jours. Quand je prends un jour de repos dans un hébergement avec du réseau, je peux ajouter plusieurs articles le même jour, après un plus ou moins long silence.
Après le col de Khargush on rejoint la route M41 par une piste qui nous donne une belle occasion de méditer longuement sur l'efficacité des phénomènes de résonance responsables de la formation de la "tôle ondulée", puis du fait qu'à vélo (du moins, sans une bonne suspension), on ne peut pas descendre sur cette fichue tôle ondulée à plus de 8 ou 9 km/h...
Il n'y a quasiment pas d'alpages sur ce versant. Juste quelques petits lacs salés au bord desquels ça sent la saumure.
Comme j'avais le temps de faire le détour, je suis allée au petit village de Bulunkul pour voir le lac du même nom et le lac voisin Yashilkul.
Le village de Bulunkul est habité toute l'année mais il n'y a ni fruits et légumes qui y poussent, ni électricité secteur, ni antenne-relais de téléphone.
Et bien sûr pas d'eau courante dans les maisons, on la tire au puits.
Entre les averses, le lendemain, j'ai pris des photos des gamins du village (mais pas avec le smartphone, trop lent au déclenchement pour ce type de photos).
Curieusement, ce village qui subsiste chichement de l'élevage est encore peuplé de Pamiris tadjiks (ils parlent shughnani, le dialecte de la vallée de Khorog), alors que les villages suivants sont tous majoritairement peuplés de Kyrgyzes.
Le minuscule magasin du village n'a pas grand-chose en rayon, les habitants achètent farine, patates, carottes et oignons par sacs de 10 kilos à Alichur, à 40 km, dont 16 km de piste en mauvais état (boue ou tôle ondulée).
Mais une des familles fait gîte dans une grande maison où 2 pièces sont réservées aux rares clients.
Ça tombait rudement bien : j'ai pu passer tranquillement à l'abri une journée complète de pluie fraîche (Bulunkul est à environ 3800m), et la soupe était bonne, avec quelques morceaux de carottes et pois chiches.
J'ai même pu recharger une batterie d'appareil-photo pendant la tranche horaire où mes hôtes faisaient tourner le groupe électrogène (19h30-21h). Mais ça demande un peu de doigté...
Et enfin, il y avait une chouette salle de bains à 6 km : une source chaude avec vue sur le Yashilkul. Le thermostat n'est pas réglable mais en bouchant le trou de la baignoire avec un pied ou une fesse, on peut prendre un bain à une température très agréable.
Manque juste une porte pour protéger du vent quand on sort de l'eau...
En amont de Langar, on ne suit plus la rivière Pyandj mais une des rivières qui la forment, Pamir, et on abandonne l'autre, Wakhan.
Ça commence par grimper sec jusqu'à un balcon avec vue sur l'Afghanistan et sur les nuages gris quotidiens.
Le relief s'adoucit ensuite.
On remonte doucement la rivière Pamir en longeant un étroit ruban vert entouré de monts arides.
Puis on finit par s'en écarter pour une 2ème bonne grimpette en direction du col de Khargush (4344m, c'est "mon premier 4000" à vélo).
Pendant environ 130 km, les seules habitations sont 2 bâtiments de garde-frontière et quelques bicoques délabrées parfois utilisées en été comme abris par des bergers et leur troupeau (ça fleure bon le crottin).
C'est ainsi qu'au réveil lors de mon dernier bivouac avant le col, à 4200m, j'ai eu la visite de Zora (15 ans) et sa petite sœur, 2 écolières promues gardiennes de troupeau pendant les vacances scolaires. Zora a tenu à porter ostensiblement son cahier d'école pour la photo.
Conformément à la loi de Murphy, c'est ce tronçon quasi désert qu'ont choisi mes 3 briquets à 3 sous (je n'ai pas trouvé mieux après avoir perdu mon super briquet-torche en Iran) pour tomber en panne coup sur coup. Par chance, Gerard et Betty, un couple de voyageurs hollandais en 4x4, m'avaient donné une tomate, un concombre et une orange, un garde-frontière m'avait offert un pain au dernier poste de contrôle, et j'avais quelques consommables comestibles sans cuisson.
Et c'est aussi dans ce tronçon que j'ai remarqué la petite fissure qui s'agrandissait au niveau d'un œillet de fixation du porte-bagages avant. Sans doute un effet secondaire de la vis perdue dans une précédente descente qui secouait bien aussi.
Page publiée bien après mon retour en France, mais je l'insère dans la séquence chronologique pour que ce soit moins confus.
Mise à jour : triste nouvelle... Fin juillet 2021, les Talibans ont pris le contrôle de la province afghane du Badakhshan, y compris, pour la première fois, le corridor de Wakhan.
Je n'ai pris aucun risque : j'ai juste tourné la bague de mon joujou de luxe (un bridge Leica avec zoom DC Vario Elmarit), et profité du stabilisateur optique qui permet de shooter sans pied aux longues focales.
En effet, si le Badakhshan afghan est jusqu'à présent resté à peu près préservé des guerres et des extrémistes talibans qui ravagent l'Afghanistan depuis plus de 30 ans, une mouvance "dissidente" de talibans commence à s'y infiltrer et la culture du pavot refait son apparition (ces 2 fléaux sont corrélés, le trafic de drogue sert à financer l'achat d'armement).
Et comme cette région est peuplée très majoritairement de chiites ismaïlis, elle est délaissée par le pouvoir central, si tant est qu'on puisse encore parler de pouvoir central en Afghanistan.
Le premier village afghan en face de ma route était juste en face de Qala i Khum, c'était un village assez important, avec une école, et des écolières en uniforme
La piste était dans ce secteur en assez bon état, mais malgré cela, très peu de voitures et camions y passaient, on voyait juste des motos avec plusieurs passagers
ou passagère
Plus loin en amont, la rivière Pyandj serpentait dans des gorges étroites
et le chemin afghan n'était pas bien large...
Par endroits, la vallée se resserrait et on était tout près des bergers Wakhis afghans.
C'est d'ailleurs impressionnant de voir comment la rivière Pyandj pouvait être aussi bien une large étendue d'eau aussi calme qu'un lac, ou un gros torrent en furie, et repasser d'un état à l'autre 2 ou 3 fois le long de son cours.
En passant à Vrang, j'ai entendu de la musique, alors je suis allée guigner au portail, et on m'a fait signe d'entrer.
Coup de bol, c'était la fête du "lager", une colonie de vacances financée par la fondation Aga Khan.
A plusieurs reprises, mes hôtes pamiris m'ont parlé de l'Aga Khan, le guide spirituel des musulmans chiites ismaïlis et leur bienfaiteur. Sa photo trône souvent dans la pièce principale des maisons pamiries. Sans les convois humanitaires de l'Aga Khan pendant la guerre civile des années 90, de nombreux habitants du Badakhshan seraient morts de faim.
La soixantaine de jeunes Wakhis (habitants du corridor de Wakhan) qui passaient un mois de vacances ici avaient préparé le spectacle : chants, danse, récitation de poèmes...
Le directeur de la colo m'a proposé une place assise au premier rang après m'avoir forcée à danser un peu. Ah, qu'est-ce qu"il ne faut pas faire pour pouvoir prendre des photos...
Ensuite un des cuistots m'a invitée pour le déjeuner. Il y avait du plov sans carottes, parce qu'il n'y avait plus de carottes en stock.
Et enfin, après le thé, Nozigul m'a offert un pain tout chaud pour la route.
La route de Khorog à Langar était fatigante mais moins dure que je ne craignais : la route n'était pas tout le long une piste caillouteuse défoncée, en "tôle ondulée" ou ensablée (c'était même plutôt meilleur qu'entre Qala i Khum et Khorog) ; le vent qui se levait en général l'après-midi me soufflait dans le dos ; et les repas que j'ai pu prendre assez régulièrement dans de petites tchaïkhonas ou chez l'habitant étaient meilleurs qu'à Djavchanguz.
J'ai même eu droit à quelques morceaux d'aubergine dans le plat de pâtes aux patates chez Nisso et Guenia à Zumgud, et à de la pastèque à Langar. Mais en amont du corridor de Wakhan, dans les petits magasins des villages, le seul fruit ou légume encore disponible était l'oignon.
Et puis j'ai pu compenser l'absence d'eau courante dans les hébergements par plusieurs bains dans des eaux de source tièdes ou chaudes, à Garm Chashma (littéralement "source chaude"), Avj et Bibi Fatima.
A Garm Chashma, l'eau chaude a laissé tout autour de sa source un gros dépôt de stalactites diversement colorées, c'est joli. Et touristique, mais ce ne sont quasiment que des touristes tadjiks, d'où le tarif dérisoire de l'hôtel où j'ai pris une chambre et mon repas.
Pour les bains dans le bassin chaud en plein air, juste sous la source, il y a alternance hommes/femmes toutes les heures, et tout le monde se baigne à poil.
A Avj, je n'aurais probablement pas vu les bains si l'institutrice du village précédent (Barshor) ne m'avait pas conseillé de faire ma pause de la mi-journée à l'auberge Shodi. La pause s'est prolongée parce qu'Obida, la petite-fille du patron, après avoir vu ma tente en photo sur mon smartphone, était curieuse de voir l'engin en grandeur nature dans le jardin. Obida était même d'accord pour me laisser sa chambre et dormir sous ma tente, mais l'averse en fin d'après-midi a rendu ce plan obsolète (à 5€ la chambre dans l'auberge, j'ai préféré replier la tente avant qu'elle soit trempée).
Puis le grand-père m'a montré le bâtiment des bains juste en face. Je suis allée me prélasser dans l'eau tiède, pétillante et ferrugineuse. Ici, pas de bassin naturel, mais 2 petits bâtiments (un pour les hommes et un pour les femmes) avec petit bassin à l'intérieur, et un vestiaire où on dépose tout pour se baigner nu.
Enfin à Bibi Fatima, comme à Avj, hommes et femmes peuvent faire trempette, toujours à poil, dans 2 petits bassins, dans 2 maisonnettes adjacentes.
Mais c'est à 8 km au-dessus de la route : j"y suis montée et redescendue à pied avec une des 8 filles de Khodesho, mon hôte à Tuggoz (rassurez-vous : son 9ème et dernier enfant est un garçon). Ces 16 km à pied m'ont plus fatigué les jambes que les 160 km à vélo des jours précédents...
Aah, le wifi de l'hôtel Pamir s'est remis à fonctionner (poussivement), je suis arrivée à transférer patiemment quelques photos pendant ma journée de relâche à Murgab. Reprenons donc le fil : à partir de Khorog, j'ai continué à remonter la rivière Pyandj.
A Ishkashim (2600m), la rivière fait un coude et sa vallée s'élargit. On arrive dans le fameux "corridor de Wakhan", bordé au sud par l'Hindu Kush, une belle rangée de pics blancs à plus de 6000 m séparant l'Afghanistan du Pakistan. Il y a sûrement d'autres hautes vallées aussi belles au Pakistan, en Inde ou au Népal, mais là, en plus, c'est relativement tranquille à vélo, alors disons que c'est peut-être bien le plus beau corridor cyclable du monde.
L'Afghanistan fait moins de 30 km de large à ce niveau : je suis passée à 29 km à vol d'oiseau du point culminant de l'Afghanistan, le Noshaq (7492m) situé sur la frontière afghano-pakistanaise. A Khorog, un photographe russe qui séjournait dans le même gîte que moi m'a dit qu'une cordée en avait tenté l'ascension cet été, sans succès (trop de neige).
Hélas, à partir d'Ishkashim, le temps s'est gâté et je n'ai quasiment rien vu de l'Hindu Kush.
Mais malgré cette météo inhabituellement pluvieuse, ce corridor a de l'allure et est assez varié.
Et j'ai quand même eu une magnifique éclaircie (2 demi-journées de soleil en une semaine...),
que j'ai savourée en compagnie de Julia, Susie, Michael et Matthieu.
On a aussi savouré ensemble des platées de pâtes dans un sympathique homestay de Langar, où on s'est reposés à l'abri de la pluie avant d'attaquer le col de Khargush.
Le chef-lieu du GBAO (Gorno Badakhshan avtonomaïa oblast) est une petite ville d'environ 30 000 habitants dépourvue de centre ancien, construite toute en longueur sur les berges de la rivière Gunt, tout près de là où elle se jette dans la rivière Pyandj.
Il y a juste le petit aérodrome qui est sur un replat le long du (ou de la?) Pyandj : seulement un vol presque quotidien de/vers Dushanbe avec un rustique Antonov 30 places à hélices qui vole à vue entre les montagnes, quand la météo est bonne.
Tous les voyageurs traversant le Pamir passent à Khorog, et généralement y font une pause.
Les cyclistes qui vont vers l'Est remplissent leurs sacoches de ravitaillement : pâtes ou autres céréales pas trop longues à cuire, fruits secs, bouillon en poudre, lait concentré ou miel, carottes, biscuits... Pas de saucissons, on ne trouve que des saucisses roses à peau synthétique, purs produits de l'industrie agro-alimentaire ; côté fromages, le choix semble réduit à des parallélépipèdes de fromage industriel, ou de petites billes de kurut, du fromage séché très pratique à conserver et transporter, très dur et salé.
A Khorog, les principales attractions sont le bazar, le jardin botanique, un parc avec un grand bassin où les jeunes se baignent (NB : il y a même des filles du coin en maillot de bain, alors qu'on est si proches de la frontière afghane...), et un bon restaurant indien où les cyclo-voyageurs s'empressent de faire un bon repas pour compenser le "régime Pamir".
Khorog a aussi une université, sur la rue Lénine. Lalmo, la maîtresse de maison du gîte où j'ai logé à Khorog, qui parlait russe et anglais, m'a expliqué que pour les Pamiris, ou plus précisément pour les chiites ismaïlis, l'éducation des filles est encore plus importante que celle des garçons, car en général, elles s'occuperont davantage des enfants que leur mari. Rien à voir avec les Talibans qui ont, hélas, un avant-poste à quelques dizaines de km de Khorog, dans le Badakhshan afghan...
Les 2 touristes roumains avec qui je logeais m'ont dit qu' il y a ici fin juillet un festival folklorique pamiri. Lalmo a vérifié les dates pour nous : le festival a été avancé de 2 jours pour arranger l'agenda du Président tadjik, qui a sa binette partout mais pour qui les Pamiris ont une estime très modérée.
Si j'avance "assez vite" dans le tronçon quasi-désertique du col de Khargush (si je le passe, ce sera mon premier 4000 à vélo), peut-être je pourrai revenir y faire un petit saut en marshrutka, en laissant mon vélo dans un gîte à Alichur. Mais c'est pas gagné...
En attendant, je me suis offert un dernier jour de repos + restau indien à Khorog. Ensuite, suite et fin de la remontée de la rivière Pyandj par le côté tadjik du corridor de Wakhan, et col de Khargush pour arriver sur les hauts-plateaux du Pamir. Je n'aurai probablement pas d'accès internet correct pendant quelques temps.
Après une petite excursion de 4 jours dans la vallée de Shoqdara, je retrouve Khorog et mon gîte "Homestay Lalmo" avec wifi et douche + WC propres, ça fait du bien (je ne m'étendrai pas sur ce sujet, mais au Tadjikistan, il y a rarement l'eau courante dans les maisons des villages, et les chiottes sont souvent immondes). Voici en vrac quelques photos de brèves rencontres le long de la route.
Alors que j'essayais de photographier un peu discrètement, de pas trop près et en zoomant, l'embarquement des passagers de 3 camions, ils m'ont fait signe d'approcher et se sont rangės pour être tous sur la photo.
L'idée d'avoir leur binette sur internet avait l'air de les amuser. Je ne pourrais pas vous citer leurs noms, je me souviens juste que ces ouvriers allaient au boulot sur un chantier à Bardjangal, entre Roshtqala et Khorog.
J'ai vu parfois des passagers transportés en camion, mais le plus courant, ce sont les marshtutkas, des taxis collectifs qui sont, selon le trajet, soit de petits minibus soit de gros 4x4. Point commun : on peut y caser 10 à 20% de passagers tadjiks de plus qu'il n'y a de places assises normales.
D'autres Pamiris m'ont parfois demandé à être photographiés, en général des gamins, comme Madina, la jeune fille au centre sur la photo suivante. Ceux-ci vendaient les abricots et les cerises de leur verger au bord de la route entre Qala i Khum et Khorog (fruits appétissants, mais hélas, c'était pendant une phase "tourista" alors je n'en ai pas pris).
Plus loin sur la route, lors d'une étape où je roulais avec Suzette, la cycliste vaudoise, j'ai réussi à semer mon porte-monnaie devant une petite boutique où on venait d'acheter de l'eau minérale. Eh bien, Sagvard (en robe rose au centre), la fille de la commerçante, nous a couru après en auto-stop, avec sa sœur et une amie, pour me rapporter l'objet, et me l'a remis en mains propres avant même que je me sois aperçue de ma gaffe.
Sagvard, avec qui on avait un peu discuté dans la boutique, est étudiante en langues à Dushanbe et veut devenir interprète. Elle parle 4 langues : tadjik bien sûr, russe, anglais, et sa langue maternelle qui est un des 6 dialectes du Pamir (les 6 vallées ont chacune leur dialecte). Plusieurs Pamiris à qui j'ai posé la question m'ont dit que ces langues sont suffisamment différentes du tadjik pour qu'un Tadjik non pamiri ne les comprenne pas ; deux troufions de Khudjand et Dushanbe qui faisaient leur service militaire dans le Pamir m'ont confirmé la chose. Inversement, tous les Pamiris comprennent le tadjik car c'est la langue qu'ils pratiquent obligatoirement à l'école.
Enfin, j'ai aussi bu un thé au bord de la route avec une babouchka qui accompagnait son mari. Elle était accroupie sur le talus avec un thermos de thé, et surveillait sa vache pendant que son mari commençait, à la main et à la pioche, à construire la maison d'un de ses 3 fils dans le terrain en contre-bas de la sienne. Ou peut-être surveillait-elle son mari pendant que sa vache broutait, attachée à un pieu. Cette petite pause m'a donné l'occasion de m'entraîner à la position accroupie si courante en Asie quand il n'y a pas de tapis pour s'assoir en tailleur. C'est pratique mais au bout d'une tasse de thé, j'avais des fourmis dans les pieds...