16 août 2015

Alichur, première petite ville kyrgyze

Grand confort : un tronçon de route asphaltée !

Après plus de 140 km de piste pénible entre Langar et Bulunkul, quel soulagement de retrouver un grand tronçon de M41 asphalté !

Signalisation tadjike typique sur la route M41 après quelques orages : gros trous en formation...

La route a un peu souffert du niveau inhabituellement élevé des eaux des torrents cet été, mais la signalisation routière s'est rapidement adaptée.

Fin d'après-midi à Alichur. Le troupeau de Taygabek de retour des verts (?) pâturages

Yulya Rutskaya : "Аппак суйуу"

Route M41, km 828. Entrée d'Alichur

Soulagement aussi de trouver un restaurant dès l'entrée d'Alichur, et un poste de soudure chez un voisin de Taygabek, le sympathique et accueillant berger kyrgyze propriétaire du homestay Marco Polo.

Alichur. Préparation du poste de soudure pour ma fourche.

Le poste de soudure à l'arc était alimenté par un groupe électrogène qui fumait bien noir, et le gars soudait sans lunettes...

Alichur en fin d'après-midi

Alichur, vue d'ensemble sur le centre-ville Mais bon, ça marchait pour l'acier, j'ai pu faire ressouder l'œillet de fixation du porte-bagages avant droit. Il était temps : pour éviter que ça craque en route, j'ai fait les 50 derniers km avant Alichur avec la sacoche avant droite sanglée sur le porte-bagage arrière et le sac à dos de la tente sur mes épaules. Conduire un vélo ainsi déséquilibré sur une piste qui secoue, c'est très inconfortable, j'ai chopé un torticolis et une tendinite...



3 gamins d'Alichur sur les vélos de leur grand frère, je suppose

Alichur, gîte Marco Polo. Banya, côté machinerie Alichur, gîte Marco Polo. Banya, côté douche. Pendant ma journée de repos avec cure d'ibuprofène, j'ai pu profiter du banya du homestay Marco Polo, dont plusieurs cyclistes croisés en chemin m'avaient parlé. C'est très rustique, mais parfaitement fonctionnel !

Taygabek reçoit des cousins venus de Bishkek

Pour terminer, Alichur n'est pas vraiment une ville.

Belle lumière avant un petit orage sur Alichur

Mais un grand village de 1800 habitants (sans compter moutons, chèvres et yaks) où il y a plusieurs minuscules magasins, 2 ou 3 homestays et un hôtel-restaurant, après quelques jours dans le désert d'altitude, c'est l'opulence...

Bébé yak au parking à Alichur

15 août 2015

Bulunkul, douche froide et bain chaud

Voilà, j'ai terminé ma traversée des "hauts plateaux" semi-désertiques du Pamir. C'était assez désolé, dépaysant et impressionnant, mais pas franchement plat... Je m'accorde une pause à Osh, dernière étape de ce voyage. Et dernières (?) mises à jour.

Un petit lac salé dans la descente du col Khargush vers la M41 Après le col de Khargush on rejoint la route M41 par une piste qui nous donne une belle occasion de méditer longuement sur l'efficacité des phénomènes de résonance responsables de la formation de la "tôle ondulée", puis du fait qu'à vélo (du moins, sans une bonne suspension), on ne peut pas descendre sur cette fichue tôle ondulée à plus de 8 ou 9 km/h...

Entre M41 et Bulunkul

Bulunkul vu du petit col entre le village et le lac Yashilkul Il n'y a quasiment pas d'alpages sur ce versant. Juste quelques petits lacs salés au bord desquels ça sent la saumure.

Comme j'avais le temps de faire le détour, je suis allée au petit village de Bulunkul pour voir le lac du même nom et le lac voisin Yashilkul.

Muboraksho Mirzoshoev : "Сабза ба ноз меояд"

Petit pâturage au bord du lac Bulunkul

Le village de Bulunkul est habité toute l'année mais il n'y a ni fruits et légumes qui y poussent, ni électricité secteur, ni antenne-relais de téléphone.

Bulunkul, centre-ville

Et bien sûr pas d'eau courante dans les maisons, on la tire au puits.

Bulunkul, centre-ville au coucher du soleil avant un orage

Enfants de Bulunkul

Entre les averses, le lendemain, j'ai pris des photos des gamins du village (mais pas avec le smartphone, trop lent au déclenchement pour ce type de photos).

Curieusement, ce village qui subsiste chichement de l'élevage est encore peuplé de Pamiris tadjiks (ils parlent shughnani, le dialecte de la vallée de Khorog), alors que les villages suivants sont tous majoritairement peuplés de Kyrgyzes.

Gamins de Bulunkul après l'averse

Le minuscule magasin du village n'a pas grand-chose en rayon, les habitants achètent farine, patates, carottes et oignons par sacs de 10 kilos à Alichur, à 40 km, dont 16 km de piste en mauvais état (boue ou tôle ondulée).

Bulunkul entre 2 averses. Les enfants jouent dans le village.

Mais une des familles fait gîte dans une grande maison où 2 pièces sont réservées aux rares clients.

Mon refuge pendant les averses à Bulunkul

Ça tombait rudement bien : j'ai pu passer tranquillement à l'abri une journée complète de pluie fraîche (Bulunkul est à environ 3800m), et la soupe était bonne, avec quelques morceaux de carottes et pois chiches.

Bulunkul. Séchage des kurpatchas du gîte au centre-ville

Recharge d'une batterie d'APN avant l'extinction des feux J'ai même pu recharger une batterie d'appareil-photo pendant la tranche horaire où mes hôtes faisaient tourner le groupe électrogène (19h30-21h). Mais ça demande un peu de doigté...

Et enfin, il y avait une chouette salle de bains à 6 km : une source chaude avec vue sur le Yashilkul. Le thermostat n'est pas réglable mais en bouchant le trou de la baignoire avec un pied ou une fesse, on peut prendre un bain à une température très agréable.

Yashilkul et bicoque-salle-de-bains

Manque juste une porte pour protéger du vent quand on sort de l'eau...

Bain chaud au-dessus du Yashilkul

2 août 2015

Montée vers les hauts plateaux

Montée au-dessus de Langar : jonction Wakhan - Pamir

Bartang : "О му Бадахшон"

En amont de Langar, on ne suit plus la rivière Pyandj mais une des rivières qui la forment, Pamir, et on abandonne l'autre, Wakhan.

Gorges de la rivière Pamir en amont du confluent avec la rivière Wakhan

Ça commence par grimper sec jusqu'à un balcon avec vue sur l'Afghanistan et sur les nuages gris quotidiens.

Piste Langar - Khargush. Bain de pieds pour deux-roues.

Le relief s'adoucit ensuite.

Derniers arbustes vers 3500m. Le vallon de la rivière Pamir devient moins encaissé à l'approche des hauts plateaux.

On remonte doucement la rivière Pamir en longeant un étroit ruban vert entouré de monts arides.

Rivière Pamir. La petite cabane de bergers sur la rive afghane est vide aujourd'hui.

Puis on finit par s'en écarter pour une 2ème bonne grimpette en direction du col de Khargush (4344m, c'est "mon premier 4000" à vélo).

Bivouac à 3700m dans un alpage désert une vingtaine de km avant le poste de garde-frontière de Khargush

Pendant environ 130 km, les seules habitations sont 2 bâtiments de garde-frontière et quelques bicoques délabrées parfois utilisées en été comme abris par des bergers et leur troupeau (ça fleure bon le crottin).

Montée de Khargush au col. La piste s'écarte de la rivière Pamir et du Petit Pamir afghan.

C'est ainsi qu'au réveil lors de mon dernier bivouac avant le col, à 4200m, j'ai eu la visite de Zora (15 ans) et sa petite sœur, 2 écolières promues gardiennes de troupeau pendant les vacances scolaires. Zora a tenu à porter ostensiblement son cahier d'école pour la photo.

Zora et sa petite sœur. Pour la photo, Zora a tenu à poser avec un cahier d'école.

Une gâterie : salade de tomate (au singulier). Je garde le concombre pour demain. Conformément à la loi de Murphy, c'est ce tronçon quasi désert qu'ont choisi mes 3 briquets à 3 sous (je n'ai pas trouvé mieux après avoir perdu mon super briquet-torche en Iran) pour tomber en panne coup sur coup. Par chance, Gerard et Betty, un couple de voyageurs hollandais en 4x4, m'avaient donné une tomate, un concombre et une orange, un garde-frontière m'avait offert un pain au dernier poste de contrôle, et j'avais quelques consommables comestibles sans cuisson.

Oy, la fourche a commencé à se fissurer Et c'est aussi dans ce tronçon que j'ai remarqué la petite fissure qui s'agrandissait au niveau d'un œillet de fixation du porte-bagages avant. Sans doute un effet secondaire de la vis perdue dans une précédente descente qui secouait bien aussi.

Cairn juste avant le col de Khargush. Dernière vue sur le Pamir afghan.

La redescente vers la route M41 est assez aride.

Petit lac salé juste avant le col de Khargush

Pyandj, rive afghane

Page publiée bien après mon retour en France, mais je l'insère dans la séquence chronologique pour que ce soit moins confus.


Mise à jour : triste nouvelle... Fin juillet 2021, les Talibans ont pris le contrôle de la province afghane du Badakhshan, y compris, pour la première fois, le corridor de Wakhan. :-(


Premier aperçu de l'Afghanistan, face à Qala i Khum

Homayoun Angar : "Majnun"

Je n'ai pris aucun risque : j'ai juste tourné la bague de mon joujou de luxe (un bridge Leica avec zoom DC Vario Elmarit), et profité du stabilisateur optique qui permet de shooter sans pied aux longues focales.

Corridor de Wakhan, rive afghane

En effet, si le Badakhshan afghan est jusqu'à présent resté à peu près préservé des guerres et des extrémistes talibans qui ravagent l'Afghanistan depuis plus de 30 ans, une mouvance "dissidente" de talibans commence à s'y infiltrer et la culture du pavot refait son apparition (ces 2 fléaux sont corrélés, le trafic de drogue sert à financer l'achat d'armement).

Afghanes conduisant les vaches au champ. Vallée du Payndj entre Voznavd et Shizd

Et comme cette région est peuplée très majoritairement de chiites ismaïlis, elle est délaissée par le pouvoir central, si tant est qu'on puisse encore parler de pouvoir central en Afghanistan.

Ecole de filles à Nusay, en face de Qalai Khum

Le premier village afghan en face de ma route était juste en face de Qala i Khum, c'était un village assez important, avec une école, et des écolières en uniforme

Ecolières afghanes dans le gros village en face de Qala i Khum

La piste était dans ce secteur en assez bon état, mais malgré cela, très peu de voitures et camions y passaient, on voyait juste des motos avec plusieurs passagers

Quasiment pas de véhicules sur la rive afghane, à part quelques motos

ou passagère

Une burqa à moto sur la rive d'en face, en amont de Qala i Khum

Plus loin en amont, la rivière Pyandj serpentait dans des gorges étroites

Sadwad, un verger isolé entre 2 villages afghans

et le chemin afghan n'était pas bien large...

Entre Qala i Khum et Khorog, rive afghane. La piste se réduit parfois à un étroit chemin à flanc de rochers.

Par endroits, la vallée se resserrait et on était tout près des bergers Wakhis afghans.

La rivière Pyandj est parfois très étroite, on pourrait presque toucher l'Afghanistan...

C'est d'ailleurs impressionnant de voir comment la rivière Pyandj pouvait être aussi bien une large étendue d'eau aussi calme qu'un lac, ou un gros torrent en furie, et repasser d'un état à l'autre 2 ou 3 fois le long de son cours.

La piste côté afghan de la rivière Pyandj : y a de l'eau jusqu'au bord, et même plus...

Les jolies colonies de vacances

Novobar Chanorov : "Хофизе хилват нишин"

En passant à Vrang, j'ai entendu de la musique, alors je suis allée guigner au portail, et on m'a fait signe d'entrer.

Jeunes Pamiris devant le mur d'un mazar (un petit mausolée) entre Zumgud et Vrang

Coup de bol, c'était la fête du "lager", une colonie de vacances financée par la fondation Aga Khan.

Fête au lager de Vrang. Danses traditionnelles pamiries

A plusieurs reprises, mes hôtes pamiris m'ont parlé de l'Aga Khan, le guide spirituel des musulmans chiites ismaïlis et leur bienfaiteur. Sa photo trône souvent dans la pièce principale des maisons pamiries. Sans les convois humanitaires de l'Aga Khan pendant la guerre civile des années 90, de nombreux habitants du Badakhshan seraient morts de faim.

Vrang (Wakhan). Plov+thé dansant au lager

La soixantaine de jeunes Wakhis (habitants du corridor de Wakhan) qui passaient un mois de vacances ici avaient préparé le spectacle : chants, danse, récitation de poèmes...

Jeunes Pamiris à la fête du lager de Vrang

Vrang (Wakhan). Danse traditionnelle pamirie. Le directeur de la colo m'a proposé une place assise au premier rang après m'avoir forcée à danser un peu. Ah, qu'est-ce qu"il ne faut pas faire pour pouvoir prendre des photos...

Ensuite un des cuistots m'a invitée pour le déjeuner. Il y avait du plov sans carottes, parce qu'il n'y avait plus de carottes en stock.

Et enfin, après le thé, Nozigul m'a offert un pain tout chaud pour la route.

Vrang. Cuisine du lager

Salles de bain le long du corridor

Ishkashim. Entrée du corridor de Wakhan.

Zafartcha : "Беракса"

La route de Khorog à Langar était fatigante mais moins dure que je ne craignais : la route n'était pas tout le long une piste caillouteuse défoncée, en "tôle ondulée" ou ensablée (c'était même plutôt meilleur qu'entre Qala i Khum et Khorog) ; le vent qui se levait en général l'après-midi me soufflait dans le dos ; et les repas que j'ai pu prendre assez régulièrement dans de petites tchaïkhonas ou chez l'habitant étaient meilleurs qu'à Djavchanguz.

Dans une petite tchaïkhana à Bibi Fatima

J'ai même eu droit à quelques morceaux d'aubergine dans le plat de pâtes aux patates chez Nisso et Guenia à Zumgud, et à de la pastèque à Langar. Mais en amont du corridor de Wakhan, dans les petits magasins des villages, le seul fruit ou légume encore disponible était l'oignon.

Lavage de tapis sur la route

Et puis j'ai pu compenser l'absence d'eau courante dans les hébergements par plusieurs bains dans des eaux de source tièdes ou chaudes, à Garm Chashma (littéralement "source chaude"), Avj et Bibi Fatima.

Filet de pêche et baignade dans un bras du Pyanj  peu avant Ishkashim

A Garm Chashma, l'eau chaude a laissé tout autour de sa source un gros dépôt de stalactites diversement colorées, c'est joli. Et touristique, mais ce ne sont quasiment que des touristes tadjiks, d'où le tarif dérisoire de l'hôtel où j'ai pris une chambre et mon repas.

Garm Chashma. Concrétions autour de la source chaude.

Pour les bains dans le bassin chaud en plein air, juste sous la source, il y a alternance hommes/femmes toutes les heures, et tout le monde se baigne à poil.

Garm Chashma. La piscine chaude en plein air.

A Avj, je n'aurais probablement pas vu les bains si l'institutrice du village précédent (Barshor) ne m'avait pas conseillé de faire ma pause de la mi-journée à l'auberge Shodi. La pause s'est prolongée parce qu'Obida, la petite-fille du patron, après avoir vu ma tente en photo sur mon smartphone, était curieuse de voir l'engin en grandeur nature dans le jardin. Obida était même d'accord pour me laisser sa chambre et dormir sous ma tente, mais l'averse en fin d'après-midi a rendu ce plan obsolète (à 5€ la chambre dans l'auberge, j'ai préféré replier la tente avant qu'elle soit trempée).

Obida et ma tente dans le jardin de l'oshkhona Shodi à Avj

Puis le grand-père m'a montré le bâtiment des bains juste en face. Je suis allée me prélasser dans l'eau tiède, pétillante et ferrugineuse. Ici, pas de bassin naturel, mais 2 petits bâtiments (un pour les hommes et un pour les femmes) avec petit bassin à l'intérieur, et un vestiaire où on dépose tout pour se baigner nu.

Enfin à Bibi Fatima, comme à Avj, hommes et femmes peuvent faire trempette, toujours à poil, dans 2 petits bassins, dans 2 maisonnettes adjacentes.

Ruines du fort de Yamchun. Vue du chemin de Bibi Fatima.

Mais c'est à 8 km au-dessus de la route : j"y suis montée et redescendue à pied avec une des 8 filles de Khodesho, mon hôte à Tuggoz (rassurez-vous : son 9ème et dernier enfant est un garçon). Ces 16 km à pied m'ont plus fatigué les jambes que les 160 km à vélo des jours précédents...

1 août 2015

Wakhan, plus beau corridor cyclable du voyage

Aah, le wifi de l'hôtel Pamir s'est remis à fonctionner (poussivement), je suis arrivée à transférer patiemment quelques photos pendant ma journée de relâche à Murgab. Reprenons donc le fil : à partir de Khorog, j'ai continué à remonter la rivière Pyandj.

Bartang Halim : "Борон садо"

Entrée du corridor de Wakhan. En face, l'Hindu Kush

A Ishkashim (2600m), la rivière fait un coude et sa vallée s'élargit. On arrive dans le fameux "corridor de Wakhan", bordé au sud par l'Hindu Kush, une belle rangée de pics blancs à plus de 6000 m séparant l'Afghanistan du Pakistan. Il y a sûrement d'autres hautes vallées aussi belles au Pakistan, en Inde ou au Népal, mais là, en plus, c'est relativement tranquille à vélo, alors disons que c'est peut-être bien le plus beau corridor cyclable du monde.

Un sommet de l'Hindu Kush

L'Afghanistan fait moins de 30 km de large à ce niveau : je suis passée à 29 km à vol d'oiseau du point culminant de l'Afghanistan, le Noshaq (7492m) situé sur la frontière afghano-pakistanaise. A Khorog, un photographe russe qui séjournait dans le même gîte que moi m'a dit qu'une cordée en avait tenté l'ascension cet été, sans succès (trop de neige).

Près de Namadgut (Wakhan). Bivouac bien humide...

Hélas, à partir d'Ishkashim, le temps s'est gâté et je n'ai quasiment rien vu de l'Hindu Kush.

Dunes près de Yamg (Wakhan)

Mais malgré cette météo inhabituellement pluvieuse, ce corridor a de l'allure et est assez varié.

Wakhan. Eclaircie entre Iniv et Shirgin

Et j'ai quand même eu une magnifique éclaircie (2 demi-journées de soleil en une semaine...),

Entre Vrang et Shirgin. Enfin du soleil et un pic de l'Hindu Kush !

que j'ai savourée en compagnie de Julia, Susie, Michael et Matthieu.

Près de Shirgin (Wakhan). Village cyclo avec vue sur l'Afghanistan.

On a aussi savouré ensemble des platées de pâtes dans un sympathique homestay de Langar, où on s'est reposés à l'abri de la pluie avant d'attaquer le col de Khargush.

31 juil. 2015

Arrivée dans le Pamir oriental

Bon, c'était bien la peine que je passe à la boutique Megafon de Murgab pour recharger ma carte SIM tadjik et faire activer l'option Megabyte Onlaïn.

Arrivée sur Murgab

Ça pédale dans la semoule dès que j'essaie de charger une photo. Y a pas de wifi à l'hôtel le plus cher et le plus occidentalisé du patelin (25 $ la chambre avec WC + douche à l'étage), et l'internet-café est en panne.

Dobr : "Жаш акын"

A moins que je trouve par miracle un accès wifi avec un débit correct quelque part, je pense que vous devrez attendre une collection de mises à jour différées quand je prendrai quelques jours de repos à Osh, où je devrais normalement arriver dans une douzaine jours.

Murgab, 2ème plus grande ville du Gorno Badakhshan

Osh est la 2ème plus grande ville du Kyrgyzstan (ville centre 250 000 habitants, agglo 500 000), située à 900 m d'altitude dans la grande et fertile vallée de Fergana et à moitié peuplée d'Ouzbeks. Ça changera de Murgab, 2ème moins petite ville du Gorno Badakhshan tadjik (4000 habitants), située à presque 3700 m d'altitude sur un haut plateau semi-désertique, et peuplée à 70% de Kyrgyzs.

14 juil. 2015

Khorog city

Le chef-lieu du GBAO (Gorno Badakhshan avtonomaïa oblast) est une petite ville d'environ 30 000 habitants dépourvue de centre ancien, construite toute en longueur sur les berges de la rivière Gunt, tout près de là où elle se jette dans la rivière Pyandj.

Khorog vue depuis le jardin botanique

Novobar Shams : "Az ghami tu"

Il y a juste le petit aérodrome qui est sur un replat le long du (ou de la?) Pyandj : seulement un vol presque quotidien de/vers Dushanbe avec un rustique Antonov 30 places à hélices qui vole à vue entre les montagnes, quand la météo est bonne.

Arrivée à Khorog. Pont transfrontalier ouvert (mais sous bonne garde)

Tous les voyageurs traversant le Pamir passent à Khorog, et généralement y font une pause.

Bazar de Khorog. Pas de voie ferrée, mais des containers ferroviaires recyclés en échopes...

Le bazar de Khorog Les cyclistes qui vont vers l'Est remplissent leurs sacoches de ravitaillement : pâtes ou autres céréales pas trop longues à cuire, fruits secs, bouillon en poudre, lait concentré ou miel, carottes, biscuits... Pas de saucissons, on ne trouve que des saucisses roses à peau synthétique, purs produits de l'industrie agro-alimentaire ; côté fromages, le choix semble réduit à des parallélépipèdes de fromage industriel, ou de petites billes de kurut, du fromage séché très pratique à conserver et transporter, très dur et salé.

A Khorog, les principales attractions sont le bazar, le jardin botanique, un parc avec un grand bassin où les jeunes se baignent (NB : il y a même des filles du coin en maillot de bain, alors qu'on est si proches de la frontière afghane...), et un bon restaurant indien où les cyclo-voyageurs s'empressent de faire un bon repas pour compenser le "régime Pamir".

Khorog a aussi une université, sur la rue Lénine. Lalmo, la maîtresse de maison du gîte où j'ai logé à Khorog, qui parlait russe et anglais, m'a expliqué que pour les Pamiris, ou plus précisément pour les chiites ismaïlis, l'éducation des filles est encore plus importante que celle des garçons, car en général, elles s'occuperont davantage des enfants que leur mari. Rien à voir avec les Talibans qui ont, hélas, un avant-poste à quelques dizaines de km de Khorog, dans le Badakhshan afghan...

Mini-lac dans le parc de Khorog

Les 2 touristes roumains avec qui je logeais m'ont dit qu' il y a ici fin juillet un festival folklorique pamiri. Lalmo a vérifié les dates pour nous : le festival a été avancé de 2 jours pour arranger l'agenda du Président tadjik, qui a sa binette partout mais pour qui les Pamiris ont une estime très modérée.

Pamiries en tenue traditionnelle de fête

Si j'avance "assez vite" dans le tronçon quasi-désertique du col de Khargush (si je le passe, ce sera mon premier 4000 à vélo), peut-être je pourrai revenir y faire un petit saut en marshrutka, en laissant mon vélo dans un gîte à Alichur. Mais c'est pas gagné...

Khorog.Fast food local.

En attendant, je me suis offert un dernier jour de repos + restau indien à Khorog. Ensuite, suite et fin de la remontée de la rivière Pyandj par le côté tadjik du corridor de Wakhan, et col de Khargush pour arriver sur les hauts-plateaux du Pamir. Je n'aurai probablement pas d'accès internet correct pendant quelques temps.

La fine équipe de Bardjangal et autres Pamiris

Zafartcha : "Хоҷа бигу ки ман"

Le parc municipal de Khorog est un endroit agréable

Après une petite excursion de 4 jours dans la vallée de Shoqdara, je retrouve Khorog et mon gîte "Homestay Lalmo" avec wifi et douche + WC propres, ça fait du bien (je ne m'étendrai pas sur ce sujet, mais au Tadjikistan, il y a rarement l'eau courante dans les maisons des villages, et les chiottes sont souvent immondes). Voici en vrac quelques photos de brèves rencontres le long de la route.

Veuillez prendre place à bord du  camion !

Alors que j'essayais de photographier un peu discrètement, de pas trop près et en zoomant, l'embarquement des passagers de 3 camions, ils m'ont fait signe d'approcher et se sont rangės pour être tous sur la photo.



L'idée d'avoir leur binette sur internet avait l'air de les amuser. Je ne pourrais pas vous citer leurs noms, je me souviens juste que ces ouvriers allaient au boulot sur un chantier à Bardjangal, entre Roshtqala et Khorog.

Les ouvriers du chantier de Bardjangal

J'ai vu parfois des passagers transportés en camion, mais le plus courant, ce sont les marshtutkas, des taxis collectifs qui sont, selon le trajet, soit de petits minibus soit de gros 4x4. Point commun : on peut y caser 10 à 20% de passagers tadjiks de plus qu'il n'y a de places assises normales.

Station de marshrutkas à Khorog

D'autres Pamiris m'ont parfois demandé à être photographiés, en général des gamins, comme Madina, la jeune fille au centre sur la photo suivante. Ceux-ci vendaient les abricots et les cerises de leur verger au bord de la route entre Qala i Khum et Khorog (fruits appétissants, mais hélas, c'était pendant une phase "tourista" alors je n'en ai pas pris).

Madina et compagnie vendent les fruits du verger

Plus loin sur la route, lors d'une étape où je roulais avec Suzette, la cycliste vaudoise, j'ai réussi à semer mon porte-monnaie devant une petite boutique où on venait d'acheter de l'eau minérale. Eh bien, Sagvard (en robe rose au centre), la fille de la commerçante, nous a couru après en auto-stop, avec sa sœur et une amie, pour me rapporter l'objet, et me l'a remis en mains propres avant même que je me sois aperçue de ma gaffe.

Sagvard, sa soeur et une amie

Sagvard, avec qui on avait un peu discuté dans la boutique, est étudiante en langues à Dushanbe et veut devenir interprète. Elle parle 4 langues : tadjik bien sûr, russe, anglais, et sa langue maternelle qui est un des 6 dialectes du Pamir (les 6 vallées ont chacune leur dialecte). Plusieurs Pamiris à qui j'ai posé la question m'ont dit que ces langues sont suffisamment différentes du tadjik pour qu'un Tadjik non pamiri ne les comprenne pas ; deux troufions de Khudjand et Dushanbe qui faisaient leur service militaire dans le Pamir m'ont confirmé la chose. Inversement, tous les Pamiris comprennent le tadjik car c'est la langue qu'ils pratiquent obligatoirement à l'école.

Vallée de Shoqdara. Pause-thé

Enfin, j'ai aussi bu un thé au bord de la route avec une babouchka qui accompagnait son mari. Elle était accroupie sur le talus avec un thermos de thé, et surveillait sa vache pendant que son mari commençait, à la main et à la pioche, à construire la maison d'un de ses 3 fils dans le terrain en contre-bas de la sienne. Ou peut-être surveillait-elle son mari pendant que sa vache broutait, attachée à un pieu. Cette petite pause m'a donné l'occasion de m'entraîner à la position accroupie si courante en Asie quand il n'y a pas de tapis pour s'assoir en tailleur. C'est pratique mais au bout d'une tasse de thé, j'avais des fourmis dans les pieds...

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