Touriste-mehmon
Par Moi le 18 juin 2015, 23h35 - Tadjikistan - Lien permanent
Dans la vallée de Zeravshan, je n'ai pas usé ma tente : la première nuit, le conducteur du taxi-marshrutka m'a déposée devant une mehmonkhona (un petit hôtel) vu qu'il était déjà plus de 22h quand nous sommes arrivés au pied du col Shakhristan à Ayni. J'ai eu la désagréable surprise de découvrir que le tarif pour étranger est 2 à 3 fois celui pour les Tadjiks. Mais toutes les autres nuits, j'ai été invitée chez l'habitant.
J'ai passé une demi-journée en amont d'Ayni. J'ai pris le thé à Hazrat i Langar chez l'institutrice de ce petit hameau.
Son fils m'a interceptée au sommet d'une montée pour me faire visiter un petit mausolée et la mosquée. Il a travaillé 9 ans en Russie puis est revenu vivre ici à la mort de sa grand-mère. Il se contente de ce que le jardin produit.
En aval d'Ayni, je suis repassée à Khushikat et j'ai voulu rendre visite à 2 de mes hôtes de 2012. Je n'ai pas revu Abdurahmon : un de ses voisins m'a appris qu'il est parti avec son fils travailler en Russie ; sa femme et sa belle-fille ont mis en location la maison avec son grand verger.
J'ai revu Gulmira, qui se trouve être la belle-fille de ce voisin. Son mari travaille toujours en Russie, et elle a maintenant un fils de 2 ans qui a les mêmes yeux bleus qu'elle. J'ai pris le thé et un copieux goûter chez ses beaux-parents avant d' être invitée chez ses parents. Le frère et le beau-frère de Gulmira travaillent aussi en Russie.
Après une dure journée de vélo (route délabrée et poussière du chantier), j'ai été invitée à prendre le thé à Shurtcha chez Suraya, une des 3 sœurs de Khadisa. Le mari et les 3 beaux-frères de Khadisa travaillent en Russie.
L'ambiance était très conviviale : j'ai finalement passé 2 jours avec Khadisa et ses 4 enfants Sipargiz, Mino, Arash et Anakhson. J'ai été choyée pendant que je soignais la tourista chopée la veille chez Gulmira (boulettes de viande hachée, dans une maison sans frigo...). C'était rustique : un seul robinet dans le jardin donnait de l'eau seulement 2 h chaque matin, et quelques puces voraces avaient dû sauter du chat sur mon lit. Mais l'accueil était aussi agréable qu'en Iran.
Khadisa parle russe couramment et complète sa formation pour devenir prof. Elle m'a raconté comme elle avait pleuré lorsque son unique vache, achetée pour arrondir les fins de mois de cette modeste famille, était morte prématurément. Ses 2 filles de 16 et 13 ans passent leurs exams de fin d'année, elles ont 5/5 dans toutes les matières. Mais Khadisa n'a pas de quoi leur payer une inscription à l'université. L'aînée Sipargiz parle déjà bien russe et retient tout ce qu'on lui dit ; la cadette Mino aime lire la littérature persane en VO et connaît les chanteurs à la mode en Iran.
Après Shurtcha et une rapide visite de Penjikent, je suis montée dans une petite vallée transverse pour voir les Haft kul, les Sept Lacs.
Et là, c'est Khosim qui m'a interceptée peu avant que je trouve un coin pour bivouaquer.
J'ai logé chez lui 2 soirs et j'ai pu monter jusqu'aux lacs en laissant mes 4 sacoches chez lui.
Et à la fin de cette excursion, Khadisa m'a envoyé un de ses amis conducteur de taxi qui partait pour Dushanbe.
C'est dans son gros 4x4 8 places que j'ai franchi le fameux tunnel Anzob. Il est en tellement mauvais état qu'il va fermer 3 mois pour travaux cet été : le trafic devra repasser par l'ancienne route du col, une belle piste semi-abandonnée qui était si tranquille en 2012...