Khudjand, deuxièmes premières impressions

Paysage entre Buston et Khudjand

Statue à Khudjand : Ismaïl Somoni a remplacé LéninePremières impressions : je suis rentrée au Tadjikistan par la même route qu'en 2012, mais moi je n'étais pas la même. En 2012, j'étais encore à moitié malade (mayonez d'une salade russe à Tashkent), j'avais un peu d'appréhension à l'idée de rentrer dans un pays où le PIB annuel par habitant est inférieur à mon salaire mensuel, je parlais juste quelques mots de russe, et je ne connaissais quasiment rien de la civilisation persane.

Cette fois, j'avais déjà eu le temps de guérir de ma petite tourista ouzbek (un chou farci pas très frais à Boukhara), je savais que le pays est globalement sûr pour les touristes et qu'on n'y est pas accueillis comme un porte-monnaie sur pattes, j'avais entre temps passé presque 4 mois en Iran et fait un stage intensif de russe.

Firuza Hafizova : "Попурри 2012"

Paysage entre Buston et Khudjand en fin d'après-midi

Rohi safed (bonne route, en tadjik). Entrée-sortie de Khudjand.

En 2012 j'avais d'abord remarqué les signes extérieurs d'absence de richesse (en particulier, les gamins de corvée d'eau dans les villages) et l'influence soviétique. Cette fois j'ai plus remarqué ce qui ressemble à l'Iran : le vocabulaire (bien plus facile à déchiffrer en cyrillique qu'en persan!), la cordialité de l'accueil, la pratique du taarof, et même les paysages et l'odeur d'absinthe.

Le taarof, auquel j'ai fini par m'habituer à peu près en Iran, c'est la politesse persane, qui fait que par exemple, un commerçant vous proposera peut-être de ne pas payer, mais il est d'usage d'insister un peu pour avoir le prix et finalement payer, sinon on risque de partir sans payer et de passer pour un gros plouc...

Paysage entre Buston et Khudjand le matin

Et puis, ô luxe suprême, comme j'ai plus de temps et que je me débrouille à peu près en russe, je discute plus avec les habitants sur mon passage. C'est ainsi qu'à Buston, le premier gros village après la frontière, j'ai remarqué que quand un gars qui m'avait abordée à l'entrée de la supérette a traduit à son voisin tadjik ce que je venais de lui répondre en russe, le très international mot "touriste" était devenu "mehmon" (мехмон). C'est le mot persan qui veut dire hôte, invité...

Berges du Syr Darya au centre-ville de Khudjand.

Passage à la tenue d'été. Coiffeur à Khudjand. A part ça, il fait déjà très chaud : pause obligatoire à l'heure de la sieste. Mon thermomètre indiquait 41°C à l'ombre sur un taptchan du petit troquet de Buston où je me suis affalée en compagnie de Reece, le turbo-cycliste britannique que j'avais rencontré à Nukus. Il est parti pour faire un tour du monde en 1 an, tout à vélo sauf les océans, ça me semble très court.

On ne voit pas des taptchany que dans les cafés et restaurants, mais aussi aux champs, pour la pause de la mi-journée.

Le taptchan (тапчан) d'Asie centrale, ou takht en persan, c'est un espèce de grand lit en bois, ou parfois à cadre métallique, où on s'assoit pour manger, et où la transition du repas à la sieste est particulièrement facile, surtout quand il y a des kurpatchas (un genre de couette qui sert de matelas) en plus du tapis.

Khudjand. Entrée du bazar Panjshanbe, littéralement Jeudi.

Enfin, autre différence, cette fois j'ai un smartphone et un blog. Je n'avais pas testé internet, mais même dans la 2ème ville du pays, Khudjand, ça laisse à désirer...

Khudjand. Place du Bazar Panjshanbe et grande mosquée Muslikhiddina

Il a fallu que je vienne déjeuner dans le restau de l'hôtel 4* pour trouver une connection utilisable.

Ecolières en uniforme, visiblement citoyennes tadjikes de nationalité ouzbèke. Il y a une importante minorité tadjike dans le sud-est de l' Ouzbekistan, et une importante minorité ouzbèke dans le nord-ouest du Tadjikistan

Ne soyez pas étonnés ou inquiets si je ne fais pas d'autre mise à jour avant Dushanbe. Je vais prendre une marshrutka jusqu'au tunnel du col Shakhristan, descendre à vélo vers Ayni, et passer quelques jours dans les monts Fan ou aux environs.

Annexes

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Fil des commentaires de ce billet