Petite escapade sans vélo

Abyaneh

Je me suis échappée de Téhéran en abandonnant mon vélo chez un de mes hôtes. J'ai fait en bus puis en savari un bout de route que j'avais faite à vélo l'an dernier, entre Kashan et Abyaneh.

Siavash Ghomayshi : "Goli Jan"

Abyaneh. En tenue traditionnelle sur le seuil d'une boutique J'ai revu en passant le grand centre de centrifugation d'uranium de Natanz, mais depuis un taxi sur l'autoroute 7, on voit beaucoup moins bien l'entrée du centre et les nombreuses batteries de lance-missiles sol-air qu' en passant à vélo sur l'ancienne route 665.

Autres différences induites par le mode de transport : j'ai dû payer un ticket d'entrée pour accéder au village d'Abyaneh, et surtout, cette fois je n'ai pas été contrôlée 4 fois en 20 km avec fouille au dernier point de contrôle.

L'an dernier, mon passage dans cette zone très sensible fut un grand moment de mon voyage. La police m'avait autorisée à passer là, mais le message était clair : sur cette route, pas d'arrêt, pas de GPS, pas de photo. J'avais donc sagement résisté à la tentation de prendre des photos-souvenir des batteries de lance-missiles, bien visibles, disséminées de part et d'autre de l'ancienne route, et j'ai bien fait : en sortie de zone, lors du dernier des 4 contrôles, un pasdaran (les pasdaran sont les unités d'élite de l'armée iranienne, sous contrôle direct du Guide suprême) m'avait fouillée et avait vérifié que je n'avais pas pris de photos, en visionnant non seulement ce qui était enregistré dans mon appareil-photo numérique, mais aussi le contenu de la carte-mémoire qu'il avait dénichée dans la pochette de ma petite réserve d'argent liquide...

Abyanei

Abyaneh est un pittoresque village de montagne aux façades en terre rouge, où les vieux du village portent une tenue traditionnelle particulière : robe aux couleurs vives et fichu à fleurs pour les femmes, larges pantalons pattes d'éléphant pour les hommes.

Boulangerie d'Abyaneh. Tandoor e nan.

J'ai rendu visite à Sharareh, que j'avais rencontrée l'an dernier. Sharareh et son mari Saeed ont décidé il y a 12 ans de quitter un appartement confortable dans les quartiers nord de Téhéran pour venir élever leurs 2 enfants à l'air pur, dans une vieille maison où il n'y avait initialement même pas l'eau courante.

Le village n'était pas seulement à l'abri de la pollution, il était aussi bien plus calme : les habitants ont toujours refusé, même pendant la période la plus dure de la Révolution Islamique, qu'un poste de police ou une caserne de "Gardiens de la Révolution" (les fameux pasdaran) s'installe à Abyaneh. Le frère de Sharareh, également révolté par la répression à l'égard des femmes et des manifestants, avait quant à lui émigré en Allemagne la même année.

Cour de la petite école d'Abyaneh. Une classe mixte, et les filles jouent au foot pendant la récré.

Sharareh et Saeed retourneront habiter Téhéran l'an prochain car leur aîné va entrer au collège. Sharareh constate avec regret qu'Abyaneh se vide progressivement. Le week-end il y a plus de touristes que d'habitants, et il n'y a plus que 19 enfants à l'école du village.

Leçon de calcul dans la petite école d'Abyaneh

Annexes

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