Sous le manto
Par Moi le 30 mar. 2015, 09h47 - Iran - Lien permanent
J'aime bien rapporter de la musique comme souvenir d'un pays. En Iran, on trouve moins facilement des magasins de "vrais" disques CD audio que des boutiques vendant des compilations mp3, mais il y en a.
J'ai été surprise, lors de mon passage chez un disquaire, par le fait que souvent, quand je lui demandais un artiste ou un titre que j'avais entendu ici ou là, la réponse était : "Ah, désolé, je ne l'ai pas. Mais je peux vous vendre une copie". Intriguée, j'ai demandé des copies : il sortait de ses tiroirs des CD tous nus, sans couverture, m'en faisait écouter des extraits, puis me gravait ma copie.
Ce n'est que plus tard que j'ai compris que c'est juste une manière parmi d'autres de diffuser les œuvres interdites par les Gardiens des bonnes mœurs islamiques : chansons à texte, artistes engagés, femmes chanteuses. L'un n'empêchant pas l'autre, bien au contraire !
Ces 2 artistes, Mastan Homay et Yalda Abbasi, sont interdits de concert en Iran. Leur clip vidéo est censuré en Iran.
Autre canal de diffusion très répandu en Iran : les chaînes de télévision satellite. On voit des antennes paraboliques un peu partout, bien qu'elles soient théoriquement illégales. Chez un de mes hôtes, on m'a raconté que la police était déjà venue 4 fois pour confisquer l'antenne parabolique, c'était donc la 5ème qui était actuellement en service au grenier. Et il paraît que les antennes confisquées finissent non pas au pilon, mais sur le marché noir.
Une autre fois, dans un petit hameau où j'étais hébergée par une famille où personne ne parlait anglais, mes hôtes ont changé de chaîne pour que je puisse écouter les infos de la BBC en VO anglaise. Les JiTé occidentaux ne me manquaient pas vraiment, mais j'étais touchée par cette délicate attention...