4 juin 2015

Frontière Ouzbékistan - Tadjikistan

Je suis arrivée à Tashkent hier soir, de nuit, en train, mais je n'ai plus assez de temps pour aller écouter un spectacle à l'opéra de Tashkent. Je dois sortir d'Ouzbékistan avant demain soir.

Ali Otajonov : "Yondiradi kuydiradi"

Trains Afriosyab et Sharq en gare de Samarqand

J'aurais bien aimé entrer au Tadjikistan en remontant la vallée de Zeravshan, mais hélas le poste frontière tout proche de Samarqand, sur la route de Pendjikent, est fermé. Dommage car le sud-est de l'Ouzbékistan est presque la seule région du pays avec de beaux paysages pas plats.

Paysage vu du train,  près de Djizzak

L'Ouzbékistan a fermé ce passage il y a plusieurs années, parce que le Tadjikistan a lancé un grand projet de construction de barrage hydroélectrique sur un important affluent de l'Amou Darya. La gestion de l'eau est un problème en Asie centrale. Et le découpage et l'étanchéité des frontières en est un autre...

Le 2ème poste frontière le plus proche, Bekabad, n'est ouvert que pour les résidents de le région. J'y avais été refoulée en 2012 et la situation n'a pas changé : j'ai croisé un cycliste britannique qui s'était fait refouler à Bekabad. Je devrai passer par le 3ème, Oybek/Buston. Mais la route la plus directe pour y aller depuis Samarqand empiète pendant quelques kilomètres sur le territoire tadjik avant Bekabad. Et là ce sont de vraies frontières.

Plaine du Syr-Darya près de Bekabad

Enfin, ni ma carte d'Asie Centrale, ni Google Maps, ni Yandex Karty, n'indique de pont sur le Syr-Darya entre le pont frontalier de Bekabad qui m'est interdit, et le poste frontière d'Oybek. Résultat : pour sortir du pays avant expiration de mon visa, la solution la plus rapide (en excluant de faire 200km en taxi) était de "remonter" vers le nord en train jusqu'à Tashkent, puis de rouler 100 km vers le sud.



Train Qarshi-Tashkent, compartiment ekonom

La partie en train est faite. Pas pu prendre le train à grande vitesse Afrosyab (Samarqand-Tashkent en 2 h pour environ 360 km, et non 310 car il faut contourner un petit bout de Kazakhstan), les vélos n'y sont pas acceptés. Le train "normal" met 3h1/2, et est confortable même en classe ekonom (seulement 6 sièges par compartiment). C'était juste un peu étouffant, la clim etait réglée pas très fraîche.

C'est donc avec beaucoup de plaisir que, en arrivant à Tashkent, j'ai piqué une tête toute habillée (enfin, en bermuda et T-shirt) dans la petite piscine de l' Art Hostel, un petit hôtel russe sympa et confortable que Suzette, la cyclo-baroudeuse vaudoise, m'a recommandé. Pas cher : 18 $ la nuit en chambre partagée, mais avec piscine et petit déj' inclus. Ah que c'était bon !

Tashkent. Hôtel Art.

J'ai fait un petit tour dans le centre de Tashkent. Une déception : le réglage des jets d'eau de la grande fontaine Mustaqilik maydoni (place de l'Indépendance) a été modifié, revu à la baisse. L'eau n'arrive plus jusqu'à l'allée piétonne où les promeneurs se faisaient copieusement doucher par temps chaud. Il y a donc moins de promeneurs à cet endroit, si animé et photogénique en 2012.

Tashkent, Mustaqilik maydoni. Fontaine-douche très appréciée en été

Mais il reste beaucoup de fontaines, souvent utilisées comme piscines par les jeunes.

Tashkent. Une fontaine typique dans le centre-ville

Beaucoup de verdure le long des rues très larges bordées d'immeubles parfois monumentaux et comme neufs (la ville a été reconstruite après le dévastateur tremblement de terre de 1966). Les pelouses sont abondamment arrosées ici, pendant que le nord-est du pays est en voie de désertification.

Tashkent, Mustaqilik maydoni. Entretien du square et des pelouses

De Tashkent à mon poste frontière, rien de spectaculaire mais route plutôt agréable. Y avait même un joli coin près du lac de barrage entre Toyteppe et Piskent, j'ai bivouaqué tranquillement un peu au sud, entre un village et de mini canaux d'irrigation.

Derniers kilomètres en Ouzbékistan. Un affluent du Syr-Darya près de Piskent

Et 3 Ouzbeks joviaux (dont un Ouzbek kazakh) qui terminaient leur pique-nique au bord de la route m'ont offert un p'tit verre de vodka et un CD de musique ouzbèke, avant de se faire photographier à tour de rôle avec moi.


Rappels:

  • comme hier et dans toutes (sauf erreur) les pages précédentes, quand il y a une "annexe" en bas de l'article, c'est un morceau de musique du pays.
  • la fréquence des mises à jour du blog risque fort de diminuer significativement au Tadjikistan.

3 juin 2015

Samarqand et ses monuments

Samarcande est la plus connue des 3 grandes villes "mythiques" de l'actuel Ouzbékistan.

Sherali Juraev : "Özbegim"

Ouzbekistan, mais comme à Boukhara, on entend souvent des gens du coin parler tadjik. Samarqand (orthographe ouzbek) n'a pas le charme de Khiva ou Boukhara, les bâtiments historiques y sont plus dispersés dans un centre un peu clinquant. Les petites maisons du centre ancien ont été rasées ou cachées derrière un mur adossé aux boutiques pour touristes.

Place du Registan sans mûriers. Samarqand.

Mais les monuments de Samarqand sont monumentaux : la fameuse place du Registan, le mausolée d'Amir Timur (plus connu en Occident sous le nom de Tamerlan),

Mosquée Bibi khanum, cour intérieure. Samarqand.

la mosquée Bibi Khanum (une épouse de Tamerlan) et l'observatoire d'Ulugbeg (un petit-fils de Tamerlan) sur la colline Afrosyab sont impressionnants.

Shah i zindah, iwan. Samarqand.

Une petite déception quand même : les mûriers qui faisaient un petit peu d'ombre, et surtout de jolis "premiers plans" en contre-jour sur mes photos de 2012, ont disparu de la place du Registan.

Shah i zindah, tombes timourides. Samarqand.

Mon site préféré, c'est Shah i zindah, une petite nécropole avec une étroite allée pleine de mausolées, au pied de la colline Afrosyab et de son grand cimetière. A voir tranquillement tôt le matin.

Shah i zindah, mausolées. Samarqand.

Ruellle et gaz derrière Bibi Khanum. Samarqand. J'ai croisé à Samarqand plusieurs cyclo-voyageurs déjà vus ou ratés de peu : Pere le Catalan avec qui j'ai passé la soirée du Nouvel-An persan à Tabriz, Alexia et Daniel rencontrés à Mashad, Binh et Alessio que j'ai failli rencontrer à Téhéran, Suzette de retour d'une excursion entre Boukhara et Nuratau, Xavière et Jeff qui partaient de ma guesthouse au moment où j'arrivais à Boukhara, et Matthew qui m'a livré le chapeau tombé de mon porte-bagages au départ de Boukhara.

On va tous rouler en direction de Dushanbe (mais pas tous par la même route ni aux mêmes dates) et du Pamir, sauf Pere, contraint à l'abandon par une sciatique.

Lors de notre dîner d'adieu, Pere me raconte ce à quoi j'ai échappé en n'obtenant que 5 jours de visa turkmène. Lui a eu 7 jours, et a découvert au poste frontière de sortie qu'il n'etait pas en règle car l'enregistrement est obligatoire pour tout séjour de plus de 5 jours, même en transit. La police turkmène lui a laissé le choix entre une amende de 1200 $, ou l'expulsion immédiate avec interdiction de territoire pendant 3 ans. Le choix a été très vite fait...

Registan, madarsa Chir Dor au soleil couchant.

30 mai 2015

Boukhara, la vieille ville

Un petit aperçu du Boukhara des cartes postales avant mon départ (je n'ai plus que 6 jours de visa ouzbek...)

Boukhara, Ark

Sevara Nazarkhan : "Ei nozanin", album Yol bolsin

La vieille ville de Boukhara est aussi très dense en monuments restaurés : nombreuses madarsas et mosquées garnies de céramiques bleues et turquoise, citadelle avec remparts en brique, mausolées (dont celui d'Ismaïl Somoni, considéré par les Tadjiks comme un père fondateur du Tadjikistan)... La grande madarsa Mir i Arab, restaurée et réouverte peu après la 2e guerre mondiale, forme les imams de toutes les républiques d'ex URSS.

Boukhara. Mir i Arab.

La course à la miniaturisation commencerait-elle à montrer ses limites ? Assez régulièrement je retrouve des photos défectueuses sur la carte microSD du smartphone :

Boukhara, madarsa Mir i Arab, mosquée et minaret Kalon

Fort heureusement, mon vrai appareil-photo de 0.9 kg et ses bonnes vieilles cartes SD ne me fait pas ça (enfin, sauf la nouvelle carte SD 64 Go qui n'a rien voulu enregistrer... Heureusement, j'avais des cartes 16 ou 32 Go en nombre suffisant).

Boukhara. Aksakal prenant son thé devant une échoppe de tapis

On peut se promener dans des ruelles piétonnes pleines d'échoppes de souvenirs (écharpes de soie, broderies et tapis, céramique, fer forgé, trucs kitsch, et kitchaks).

Boukhara. Place Lyab i Haouz.

Festival Soie & èpices 2015, répétition générale Ma guesthouse, B&B Sarrafon, pourtant confortable et pas chère, était idéalement placée près de la place Lyab i Haouz, je pouvais facilement passer y faire la sieste aux heures chaudes entre les visites.

J'ai partagé un "dortoir" (en fait une chambre à 2 lits avec WC et douche) avec Suzette, une cyclo-baroudeuse vaudoise, elle aussi en route pour le Pamir.

Le côté plus bling-bling que Khiva ne m'a pas trop plu au début, mais l'animation n'est pas que touristique, et finalement j'aime bien Boukhara aussi.

Danseuse ouzbèke typée tadjike

Une de mes distractions était d'essayer de deviner qui est ouzbek ou tadjik : ce n'est pas si facile car il y a eu pas mal de mélanges.

Danseuse ouzbèke soliste virtuose

Boukhara était une ville cosmopolite. Il reste une communauté juive et une minorité rom. On entend aussi parler russe, et ce ne sont pas toujours des touristes : il reste quelques résidents russes, et les Tadjiks d'Ouzbekistan parlent parfois mieux russe qu'ouzbek.

Danseuse ouzbèke typée ouzbèke

Enfin, en écoutant et regardant les chants et danses du festival, on pouvait percevoir des influences turques, chinoises, afghanes, indiennes, persanes... Pas de doute, on est bien sur la Route de la soie (et des épices).

Spectatrice ouzbèke typée russo-tadjike

Un grand nombre des ensembles qui s'étaient produits dans les rues de Boukhara depuis 2 jours étaient réunis pour le grand spectacle de clôture du festival, sur la place du Minor Kalon. J'en ai profité depuis un petit restaurant idéalement placé, avec une terrasse sur le toit.

Boukhara. Grand show vu d'une terrasse de restau.

Plov : et le gagnant est...

Un orchestre de musique classique traditionnelle ouzbèke participe au festival dans la cour d'un restaurant

Islam Saratov : "Yagonam ozing"

Boukhara. Ruelle menant à la place du petit minaret Aujourd'hui, le festival "Soie et épices" continue, avec encore musique et danses dans la vieille ville de Boukhara. Un restaurant assez chic, avec une grande cour intérieure dans laquelle on pouvait entrer librement, avait invité un orchestre de musique classique traditionnelle ouzbèke.

En matinée, Luis m'envoie un message pour me signaler une attraction intéressante : un concours de plov (riz pilaf) sur la place avec bassin du petit minaret.

Boukhara. Festival : préparation du plov.

En pleine chaleur (il fait près de 40° à l'ombre aux heures les plus chaudes de la journée), une dizaine d'équipes de cuistots s'affairent. Deux groupes de musiciens et danseurs, dont une dynamique équipe de baboushkas aux dents dorées, se produisent côté ouest de la place, ou à leur table, à l'ombre d'un mûrier.

Une babouchka de la troupe animant le concours de plov

Quand le plov est prêt, les cuistots apportent cérémonieusement les plats à la table du jury.

Boukhara. Festival : plov servi au jury.

Cette année, c'est Andijan, une ville de la vallée de Fergana, qui a gagné le concours.

Le jury du concours de plov en pleine dégustation-délibération

Et après, comme on traînait là depuis un bon moment avec nos appareils-photo, Luis et moi avons été invités à déguster le plov à une table avec 2 vénérables aksakals (littéralement "barbe blanche"), un organisateur et Pavel, un journaliste russophone de Tashkent. Le plov d'Andijan était effectivement excellent, avec des herbes fraiches en plus des épices.

Boukhara. Festival : le public déguste aussi le plov.

28 mai 2015

Boukhara, festival Soie et épices

Boukhara est plus animée que Khiva, surtout que je suis arrivée au moment du festival "Soie et épices".

Boukhara. Préparatifs du festival.

J'ai pris un peu peur au début en voyant une débauche de décorations assez kitsch et des banderoles "Festival Silk and spices" en anglais.

Broderie suzani, soie sur coton

Mais en fait ce festival est chouette et fréquenté par de nombreux Ouzbeks.

Vue sur le concours de riz plov et les animations qui l'entouraient

J'ai revu Luis, le cyclo-voyageur péruvien qui a traversé le désert turkmène juste avant moi. Et j'ai rencontré d'autres touristes, dont un couple de Français qui rendait visite à une proche expat' : elle travaille pour le compte d'une ONG qui enquête discrètement sur les conditions de travail dans les champs de coton.

Un peu de musique typique : un chant souvent associé aux mariages que j'ai entendu dans la rue entre mon petit hôtel et le musée du tapis

Yulduz Usmanova : "Yor yor"

Festival Soie & épices 2015, Boukhara.

Les danses ouzbèkes sont belles, pas aussi impressionnantes que les danses caucasiennes au niveau performance physique, mais très élégantes, et toutes les parties du corps participent, jusqu'au bout des doigts. J'ai pu assister à quelques répétitions de spectacles

Festival Soie & épices 2015, répétition générale

avant le jour J, où musiciens et danseurs en costumes traditionnels se répartissaient sur 3 places de la vieille ville,

Festival Soie & épices 2015, Boukhara.

et dans les rues aux alentours.

Festival Soie & épices 2015, Boukhara.

Kitchak, suite (et fin)

Allez, comme tout le monde sèche, je vous donne des indices supplémentaires pour la devinette du 25 mai.

Le petit-fils discute le prix des kitchaks de son grand-père avec les touristes

Kitchak est le nom ouzbek, le nom tadjik est nonpaar (il y a pas mal de Tadjiks, enfin, de Tadjiks citoyens ouzbeks, à Boukhara).

Et voici des kitchaks vus de dessous. Kitchaks ou nonpaars

Nan après application du kitchak et cuisson.Bon, un dernier indice. Là, ça devrait être facile même si vous n'avez jamais voyagé en Asie centrale...

Les lots pour les gagnants sont partis de la poste de Boukhara, parce qu"au guichet de la poste de Khiva, on m'a refusé le colis à cause des petits clous à la base des kitchaks, soit-disant trop dangereux pour partir avec le courrier "Par avion" !

25 mai 2015

Kezako ?

Un kitchak. Devinette : à quoi sert cet objet ? -->

A gagner : un kitchak à choisir dans le lot ci-dessous.

Souvenirs ouzbeks.

24 mai 2015

Khiva, bazar et ville actuelle

Le dernier jour, après être allée acheter mon billet de train, j'ai encore traîné dans les ruelles photogéniques au lieu de visiter les intérieurs de la citadelle, souvent transformés en petits musées. Je suis retournée au bazar, celui pour Ouzbeks.

Bazar de Khiva près de la porte Est

Et comme le fichier mp3 a enfin fini par passer entre 2 séries de coupures d'internet, je vous le mets ici :

Yulduz Usmanova : "Uchyr uchyr"

Bazar de Khiva. Riz du Khorezm, sucre en cristaux.

Dans une cité où la plupart des touristes ne restent que 24 heures, quand on passe et repasse 3 jours de suite devant les mêmes boutiques, on n'est plus tout-à-fait regardé de la même façon. Les marchands de souvenirs n'essayaient plus de me vendre de souvenirs, les marchands de shashliks (brochettes) ou de samsas (équivalent centre-asiatique des pirojkis russes, des chaussons fourrés, genéralement à la viande et aux oignons) me saluaient au passage.

Four tandyr sur roulettes. Bazar de Khiva.

Un four tandyr (le tandoor des Indiens et Persans) sur roulettes m'avait attirée chez une marchande de samsas. Pendant que je cassais la croûte, une petite ouzbeke mignonne et très entreprenante est venue me faire la conversation. Elle avait appris à compter jusqu'à 10 en russe et en français, je lui ai répondu en comptant jusqu'à 10 en turc : c'est presque pareil en ouzbek.

J'ai oublié son prénom... Jeune écolière ouzbeke.

Elle m'a ensuite demandé de sortir mon téléphone mobile ("non, pas celui-là, l'autre", avec un plus grand écran... elle n'avait ni les yeux ni la langue dans sa poche!) et a regardé mes photos, puis en a pris quelques-unes. Elle a ensuite voulu que je prenne une photo d'elle (volontiers!) mais sans ses petits copains qui, entre temps, étaient aussi venus regarder mes photos. Leurs préférées, c'était 2 petits bouts de vidéo : ma course avec les dromadaires du Karakum, et un groupe d'ecoliers ouzbeks qui dansaient dans une ruelle de Khiva.

Féte d'une école dans les rues de Khiva.

Les parents ont préféré le cratère de Darvaza et ont regardé avec intérêt mes photos du nord de l'Iran.

Ensuite j'ai encore flâné après la sieste. A l'atelier de tapis en soie, Fatima m'a fait 2-3 nœuds au ralenti pour que je vois comment ils sont faits, et m'a dit que le tapis en cours (environ 3 mètres carré) les occuperait, elle et sa collègue, environ 3 mois.

Atelier a Khiva. Nouage de tapis en soie.

Les rues de la citadelle se sont vidées à cause d' une averse en fin d'après-midi. Il y a une averse tous les 2 jours en moyenne en cette saison, mais elles durent rarement plus d'une demi-heure.

23 mai 2015

Khiva, citadelle Itchon kala

Sato : "Soginch", album Kongil

Khiva. Itchon kala vue du bastion Konya kala.

Dans la citadelle, il y a pas mal de touristes à partir de 9-10h du matin.

Khiva. Le minaret Djouma (mosquée  du Vendredi)

Mais il reste des habitations et des Ouzbeks. En écoutant le guide d'un groupe francophone, j'ai appris qu'il y a 3000 habitants ouzbeks dans la citadelle. Le centre ancien est calme, en grande partie piétonnier.

Khiva. Place entre Konya kala et musee d'histoire

Khiva était la capitale d'un khanat prospère au 'zième et 'tième siècle, après l'époque des invasions mongoles. Plusieurs vizirs et khans y ont fait bâtir des résidences, mosquées et madarsas (école coranique), et divers édifices pour leur administration. Ils ne lésinaient pas sur les céramiques bleues et turquoise. Avec les briques ocre clair, c'est très joli.

Khiva. Le minaret inachevé Kalta minor

Même les innombrables échopes de souvenirs ont fait un petit effort pour être elles aussi photogéniques : les parasols sont presque tous en tissu aux motifs colorés typiques des robes traditionnelles du pays.

Khiva. Une des madarsas du centre ancien.

La densité de bâtiments historiques et photogéniques, souvent bien restaurés, est telle que pendant 3 jours, mon vélo est resté dans la mignonne cour intérieure de mon B&B, chez Ganijon Afandi.

B&B Ganijon Afandi. Khiva.

Et même si ces bâtiments se ressemblent un peu, on ne se lasse pas d'admirer des tas de variantes. Par exemple, quand il y a une série de colonnes en bois sculpté dans un iwan (un genre de préau), la tradition exige qu' il n'y en ait pas deux identiques.

Khiva. Le minaret Eslam Khodja

Une proportion non négligeable des habitants de Khiva vivent du tourisme. J'ai fini par dire aux vendeurs que je n'avais plus un rond parce que le seul bankomat de Khiva était en panne. Ce bizness touristique attire dans le Khorezm des artisans ou commerçants d'autres régions moins prospères.

Dans mon petit B&B Ganijon Afandi, deux autres pensionnaires venaient vendre à Khiva des broderies traditionnelles "suzanis" soie sur coton, ou des poupées en bois et tissu.

Après le petit-déj, Dilnoza a commencé à discuter avec moi, avec le peu de russe et d'anglais qu'elle avait appris. Dilnoza est ouzbeke mais sa famille maternelle est tadjike. Sa mère Sahodat est passée maître dans l'art de la broderie suzanie, forme des dizaines de jeunes dans son atelier à Shakhrisabz et a voyagé en Europe pour vendre une partie de sa production. Elle charge sa fille Dilnoza de vendre une autre partie du stock dans le Khorezm, il n'y a pas assez de touristes dans sa région le Surkhandarya pour faire de bonnes affaires.

Dilnoza n'aime pas ce job mais elle n'a pas vraiment le choix. Comme sa sœur et de nombreuses jeunes filles des régions rurales et pas touristiques du sud-est de l'Ouzbekistan et du nord du Tadjikistan, elle a été mariée très jeune, à 16 ans. Les familles décident de caser leurs enfants, comme des marchandises ou des moutons, "comme au bazar". Le mari de Dilnoza, qui travaille en Russie, n'a pas voulu lui laisser le temps de faire des études. Elle aimerait pourtant bien améliorer son anglais et son russe, et apprendre le persan, que sa grand-mère parlait couramment.

Dilnoza à Khiva

A 24 ans, Dilnoza a 2 enfants de 7 et 2 ans, mais elle ne veut pas de famille nombreuse comme il y en a tant dans sa région. Elle a tenu a m'offrir un des petits sacs brodés de sa cargaison avant d'aller vendre le reste.

Je l'ai revue en fin de journée, elle était plutôt contente d'avoir tout vendu à bon prix. Elle prendra demain un bus pour rentrer à Shakhrisabz (4 h de route).

Et moi j'irai à Urgentch prendre un train pour Navoiy et Boukhara, plutôt que de me farcir 430 km plats et quasi-désertiques sur la route A380.

22 mai 2015

Khiva, les remparts

Khiva, vue du rempart nord.

C'est touristique (je n'avais pas vu autant de touristes occidentaux depuis Istanbul), mais encore agréable, et vraiment très photogénique.

Sevara Nazarkhan: "Yallajonim", album Yol bolsin

Khiva. Rempart nord-ouest au soleil couchant.

Ce qu'on voit d'abord en arrivant, ce sont les remparts entourant (presque, il manque 2 ou 3 petits tronçons) la citadelle, ark Ichon kala.

Khiva, ark. Les remparts.

Les remparts en pisé sont très épais, surtout à la base. Ils délimitent l'ark (arg en persan), la citadelle.

Khiva. Accès aux remparts près de la porte Nord

L'accès à la tour de guet carrée avec la plus belle vue est payant (à voir en fin d'aprés-midi), mais on peut longer les remparts et se promener sur le chemin de ronde gratuitement. Khiva, remparts équipés au gaz. Remparts de Khiva et gazoprovod. Suggestion de présentation. Il suffit d'escalader une marche d'un peu moins de 1m à l'endroit où le mur de briques est effrité (indiqué par la flèche).

L'Ouzbekistan est un grand producteur de gaz, mais je n'aurais pas pensé qu'ils avaient déjà un réseau de distribution à l'époque de la construction de ces remparts. Là, ça aurait plus d'allure avec des tuyaux turquoise, je trouve...

Maintenant il y le gaz et l'électricité, avec des câbles rafistolés isolés au chaterton par ci par là.

Khiva. Ark, entrée nord.

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