Karakalpakstan : "normalno"

Jigitler : "Jigitke" (chant karakalpak)

Moynaq centre-ville (heure de pointe)

Après un repas sommaire (un bol de riz plov et une petite bière) dans un minuscule café de Moynaq, je suis retournée à pied au monument du cimetière de bateaux. Je voulais y bivouaquer pour prendre des photos des épaves au soleil levant. Mais le lendemain matin, il pleuvait sur ce coin de désert que les Ouzbeks appellent maintenant Aralkum.

Aralkum. Collecte de bois mort pour le tandyr, vaches de steppe salée.

Par chance, je n'ai pas bivouaqué : en fin d'après-midi, Nazarbay est passé avec un ami et, me voyant toute seule face aux épaves, m'a demandé en russe pourquoi je restais là, alors qu'il n'y a plus rien.

Barrage à sec

Nazarbay m'a aussi dit que c'était dangereux de bivouaquer à cause des loups (décidément ces pauvres loups sont victimes de bien des campagnes de propagande...). Quand j'ai dit que je traînais par là pour voir comment vivent les gens à Moynaq, il a commencé par me répondre "Ben, normalement.", puis m'a invitée chez lui. On a fait un petit détour pour saluer un ami qui pêchait à la ligne dans ce qui reste de l'Amou Darya.

Un pêcheur et un autre ami de Nazarbay au bord d'un bras de ce qui reste de l'Amou Darya

Nazarbay a 50 ans. Quand il était gosse, Moynaq avait encore son port de pêche bien actif, et les gamins se baignaient à la plage. Maintenant, la population a diminué de moitié. Nazarbay travaille dans le bâtiment en Russie et ses 2 fils aînés travaillent au Kazakhstan. Les 2 fils cadets vont à l'école russe de Moynaq, parce que s'ils ne parlent pas russe, ils auront du mal à avoir un visa de résident pour travailler en Russie. Sa femme Tamara s'occupe des 2 fils cadets et des 2 petits-enfants. Tous ces gamins ne voient leur père que 3 mois par an, pendant les vacances. C'est une famille karakalpak typique de Moynaq.

Tamara et son petit-fils Noursultan Nazarbayev

Les Karakalpaks sont plus proches, au niveau langue et culture, des Kazakhs et des Kyrgyzes que des Ouzbeks, sédentarisés depuis des siècles. Et ils ont l'impression d'être des citoyens de seconde zone, sacrifiés par les Ouzbeks ouzbeks qui décident de la répartition des eaux de l'Amou Darya.

Nazarbay m'a raconté pas mal de choses, je pense en avoir compris au moins 60%, en lui demandant de temps en temps de répéter plus lentement. J'ai appris un nouveau verbe russe : pendant les mois où il est à Moynaq, Nazarbay rentabilise sa petite voiture coréenne en faisant le taxi, et m'expliquait donc "Я таксую". Je suppose que l'infinitif imperfectif est taksovat et se conjugue comme le verbe danser. Natalia, si tu pouvais confirmer et me donner le perfectif à l'occasion...

Nazarbay et le beshbarmak

On a mangé un beshbarmak ("avec les doigts, c'est meilleur") et après le thé on a trinqué à la vodka. Nazarbay n' est pas un grand buveur mais quand il est triste, il boit 100 grammes de vodka pour mieux dormir. Et ça, bien que les Karakalpaks ont la réputation d'aimer plaisanter, ça doit arriver assez souvent...

Annexes

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