Ashkabad - Darvaza - Konye Urgentch

Reste 4 jours et 540 km, avec une "contrainte" librement choisie : être à mi-chemin, au cratère de Darvaza, à un coucher + lever de soleil. A vélo, avec un chargement alourdi par 8 litres d'eau (en plus des 2 litres habituels), c'est difficile, surtout si jamais je dois rouler avec du vent de face. J'ai préféré réserver un taxi qui me récupérera à Darvaza, et que je partagerai avec Matthieu et son frère Renaud, que j'ai rencontrés par hasard, et qui font route sac au dos vers le Kyrgyzstan.

Ashkabad - Konye Urgentch. Bivouac au km 200

Je n'avais donc que la moitié facile du trajet à faire à vélo, mais elle m'aura quand même bien fait transpirer. Je n'ai pourtant pas trop à me plaindre de la météo. Pas de vent fort, et il soufflait la plupart du temps de côté ; et ciel couvert 2 après-midi sur 3 : mon thermomètre n'a dépassé 40°C que le 3e jour.

Je n'ai pas regretté d'avoir emporté un bon petit baladeur mp3 + un stock de musiques variées, parce que le paysage était assez monotone.

Palwan Halmyradow : "Türkmen gözeli"

En route, les distractions étaient limitées :

  • 2 ou 3 trains de fret par jour sur la voie ferrée qu'on longe sur environ 260 km. Ce qui est bien, c'est que tant que la route longe la voie ferrée, il y a de temps en temps une maisonnette de gardien des chemins de fer turkmènes, et on peut s'y ravitailler en eau (environ tous les 40 à 60 km, aux départs des pistes transverses)

Train de fret entre Ashkabad et Darvaza

  • 3 camions et 2 voitures se sont arrêtés pendant mes 3 jours de traversée à vélo : le conducteur me proposait de l'eau ou un thé. Un d'entre eux m'a même invitée à monter à bord de son camion jusqu'à Dashoguz pour un dîner en famille. J'ai vraiment hésité, mais je suis finalement restée sur mon idée de m'arrêter à Darvaza pour voir ce site de nuit, et hélas mon visa de transit ne me laissera pas le temps de faire ensuite un détour à Dashoguz : c'est justement pour éviter qu'on sympathise avec des Turkmènes que leur gouvernement nous donne des visas de courte durée.

Projet de passage à 2 fois 2 voie, ou création d'une piste mixte vélos + dromadaires ?

  • quelques dromadaires qui déambulent sur la route, indifférents aux voitures mais qui avaient peur d'une inoffensive cycliste : j'ai fait la course avec un mini-troupeau de 5 dromadaires pendant 30 km...

Dromadaire qui faisait la course avec un camion, et qui a perdu...

  • de temps en temps un arbuste moins rabougri pour pique-niquer à l'ombre (emplacements pour 1 personne assise en tailleur).

Coin pique-nique 1 place

  • les villages de Bakhordak (km 95) et Yerbent (km 165), dotés chacun d'un magazin pas trop mal achalandé en produits alimentaires et boissons fraîches.

Yerbent

  • les 3 tchaïkhanas de Darvaza, village abandonné dont il ne reste qu'une usine alimentant un gazoduc, 3-4 maisons et une halte ferroviaire. Edik, le patron de la 1ère tchaïkhana, est très gentil et m'a demandé de vous passer le bonjour.
  • enfin, détail remarquable, au premier poste de police, un flic m'a offert un bol de café au lait avant de contrôler mon identité, puis s'est inquiété de savoir si j'avais assez d'eau avant de me laisser repartir. Comme quoi le vélo adoucit les mœurs même des policiers turkmènes...

Ceci dit, j'ai eu la nette impression que j'étais pistée au Turkménistan : à 2 postes de contrôle sur 3, les policiers ont téléphoné pour rendre compte de mon passage sans même regarder mon passeport.

À l'entrée de Bakhordak (95 km au nord d'Ashkabad), un peu à l'écart du village, un petit groupe d'hommes accroupis autour d'un sommaire barbecue m'a invitée à prendre un verre. Ils se sont tous tus à un moment donné, pendant que je sirotais un jus d'abricot : une voiture de police passait sur la route, lentement. L'un des gars a murmuré "ils sont partout". Je ne me suis pas trop attardée, j'étais un peu en retard sur ma feuille de route...

Karakum : un gros lézard le long de ma route

Quant à la moitié que j'ai parcourue en taxi, pas très différent sauf que les points d'eau étaient effectivement très rares jusqu'au km 400 environ (en 150 km, j'ai vu une petite mare vaseuse, une citerne près d'un baraquement de chantier vide, et une yourte de nomades), et la route de Konye Urgentch est complètement pourrie sur les 130 derniers km. On ne peut plus appeler ça une route : parfois, notre chauffeur Anar sortait de la route pour passer sur une piste moins défoncée le long de la route. Sur un pont, il y avait même des trous traversants entre des poutres en béton armé... C'est assez sidérant pour un pays peu peuplé et grand exportateur de gaz, qui s'offre des dizaines de palais en marbre somptueux dans sa capitale. Surtout que le tronçon pourri est justement celui qui n'est pas désertique : c'est le début du Khorezm.

Annexes

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