2 avr. 2015

Sizdah bedar

Le 2 avril, c'était Sizdah bedar, le 13ème jour de l'année persane.

Hayedeh : "Nagoo nemiyam"

Chute de sabze...

Cette fête marque la fin des congés du Nouvel-An persan. Ce jour-là, les Iraniens vont pique-niquer en plein-air, en emportant le sabze (la verdure) qui décorait la table traditionnelle pour l'abandonner dans la nature, de préférence dans un cours d'eau.

Sabze sur toit de Peugeot

Je n'avais encore jamais vu autant de pique-niqueurs en une journée.

Sizdah bedar

Et les Iraniens aiment pique-niquer confortablement : tentes familiales, barbecues, marmites de soupes, samovars, narghilés...

Sizdah be-dar dans la région d'Ardabil. J'ai été invitée à pique-niquer plusieurs fois...

Bien sûr, à la vitesse où je roule, il était impossible que je ne sois pas invitée par quelques sympathiques pique-niqueurs.

Sizdah bedar, pique-nique

1 avr. 2015

Escale technique

Pause pique-nique au sommet d'un col entre Tabriz et Sarab. C'est dans la descente suivante que j'ai pris froid...

Bon, dans un voyage de 6 mois, même s'il y a presque chaque jour des découvertes ou des rencontres mémorables, y a pas que du merveilleux.

Haut plateau d'Azerbaïdjan occidental près de Sarab

Je viens de passer 3 jours de repos forcé pour cause de rhume dans un bled où il n'y a rien à voir , mais où, du coup, on peut facilement trouver une chambre correcte pour pas cher. Et je me suis fait pirater une de mes cartes bancaires en Turquie, par l'hôtel Waw à Istanbul ou par le site de réservation booking.com (mis à part la réservation via booking.com à cet hôtel, cette carte presque neuve ne m'avait servi que 2 ou 3 fois pour retirer du liquide dans des DAB).

Haut plateau entre Sarab et Nir

Heureusement mon agence du Crédit Coop m'a alertée rapidement en voyant passer des commandes suspectes, et j'étais partie avec 3 CB. Il me reste donc une Visa et une Mastercard.

Il a plu pendant mon escale, alors que j"ai une belle éclaircie au redémarrage.

Entre Sarab et Ardabil

Et je profite d'une connection wifi assez rapide chez mes hôtes à Ardabil pour glisser un tube azéri sur lequel les gens du coin dansaient au rez-de-chaussée, dans une salle masquée par des rideaux, pendant que je soignais mon rhume au premier étage de l'hôtel-restaurant (cf "Annexe" ou cliquer ci-dessous).

Rahim Shahriari : "Yavash yeri"

Ca sonne turc, c'est normal : la langue azérie est très proche du turc. Ca n'empêche pas les Azéris d'Iran d'être très bien intégrés à la société iranienne, et culturellement très proches des Persans. Une des grandes dynasties de l'empire perse était d'ailleurs azérie, mais ne me demandez pas laquelle.

Paturages au pied du massif du mont Sabalan (4811m)

30 mar. 2015

Sous le manto

J'aime bien rapporter de la musique comme souvenir d'un pays. En Iran, on trouve moins facilement des magasins de "vrais" disques CD audio que des boutiques vendant des compilations mp3, mais il y en a.

Téhéran. Parc Ob e atash

J'ai été surprise, lors de mon passage chez un disquaire, par le fait que souvent, quand je lui demandais un artiste ou un titre que j'avais entendu ici ou là, la réponse était : "Ah, désolé, je ne l'ai pas. Mais je peux vous vendre une copie". Intriguée, j'ai demandé des copies : il sortait de ses tiroirs des CD tous nus, sans couverture, m'en faisait écouter des extraits, puis me gravait ma copie.

Mastan Homay & Yalda Abbasi : "Dar hasrat didar" (album Booz ve choopan)

Ce n'est que plus tard que j'ai compris que c'est juste une manière parmi d'autres de diffuser les œuvres interdites par les Gardiens des bonnes mœurs islamiques : chansons à texte, artistes engagés, femmes chanteuses. L'un n'empêchant pas l'autre, bien au contraire !

Homay Mastan & Yalda Abbasi

Ces 2 artistes, Mastan Homay et Yalda Abbasi, sont interdits de concert en Iran. Leur clip vidéo est censuré en Iran.

Autre canal de diffusion très répandu en Iran : les chaînes de télévision satellite. On voit des antennes paraboliques un peu partout, bien qu'elles soient théoriquement illégales. Chez un de mes hôtes, on m'a raconté que la police était déjà venue 4 fois pour confisquer l'antenne parabolique, c'était donc la 5ème qui était actuellement en service au grenier. Et il paraît que les antennes confisquées finissent non pas au pilon, mais sur le marché noir.

Les antennes paraboliques ne sont pas toujours très visibles, mais elles sont nombreuses. Sanandaj (Kurdistan iranien)

Une autre fois, dans un petit hameau où j'étais hébergée par une famille où personne ne parlait anglais, mes hôtes ont changé de chaîne pour que je puisse écouter les infos de la BBC en VO anglaise. Les JiTé occidentaux ne me manquaient pas vraiment, mais j'étais touchée par cette délicate attention...

28 mar. 2015

Croissant rouge

J'espérais être tranquille après la bifurcation de Bostanabad où les routes de Téhéran et d'Ardabil se séparent.

Entre Tabriz et Ardabil. Retenue d'eau près de Kordkandi

Homayoun Shajarian : "Del be del" (album Na Fereshteam na Sheitan)

Haut plateau entre Bostanabad et Sarab

Mais la densité de population, ou du moins de véhicules, est plus élevée dans le nord de l'Iran que dans les régions que j'avais visitées l'an dernier. Dommage...

Haut plateau entre Bostanabad et Sarab

L'avantage, c'est que les distances entre points de ravitaillement sont plus courtes.

Il y a aussi régulièrement le long des routes des tentes ou des fourgons du Croissant rouge, où les secouristes de permanence distribuent, selon les cas, des cartes routières de la région avec des conseils de prévention routière, du thé et des bonbons, de petits dépliants avec des versets du Coran, ou quelques médicaments.

Tentes du Croissant rouge le long de la route Tabriz - Ardabil

Un de ces secouristes, à qui je venais de demander s'il y avait une pharmacie dans le village parce que j'avais la gorge irritée, a pris ma tension, m'a offert 3 pastilles d'un truc pour les rhumes, et surtout, m'a demandé de dire à tout le monde que les Iraniens ne sont pas des méchants.

Berger à moto sur le haut plateau près de Kordkandi

Ce n'est pas la première fois, loin de là, que des Iraniens me demandent quelque chose de ce genre, en ajoutant parfois un bref commentaire du type "Faut pas nous confondre avec notre gouvernement". Et le décalage entre les préjugés sur l'Iran, et la façon dont on y est accueillis, est tel que je relaie bien volontiers sa demande.

25 mar. 2015

Lac d'Orumieh

Arrivée sur le lac d'Orumieh

Rahim Shahriari : "Yaninda ulum gerek"

J'avais prévu d'aller directement de Kandovan (2200m) au lac salé d'Orumieh (1300m), mais en descendant, j'ai eu droit successivement au grésil qui picote, à la neige fondante qui colle aux lunettes, puis à la pluie glacée. Les moufles vendues comme imperméables ont résisté presque 1 heure à l'eau, c'est mieux que mes chaussures + surchaussures... J'ai déclaré forfait pour me sécher dans un ou une (les noms n'ont pas de genre en persan) mosaferkhane, c'est-à-dire un petit hôtel bon marché à Osku.. Drap et serviettes non fournis, mais le poële était bien chaud : j'ai failli faire fondre les semelles de mes chaussures que j'avais mises à sécher dessus...

Daryache e Orumieh

Le lendemain, il fait presque beau. Je suis partie tard le matin, et j'ai fait une pause un peu plus longue que prévu à Ilkhchi : j'ai été interceptée par un kiosque de l'IRIB, la télé iranienne, interviouvée et invitée à déjeûner dans un petit restaurant par le correspondant local. Lac d'Orumieh. Barque promène-touristes. Alors je n'ai pas atteint avant la nuit le secteur propice au bivouac repéré par les 2 cyclo-voyageurs suisses croisés entre Ilkhchi et Saray. Saray est sur la presqu'île qui, il y a un peu moins de 100 ans, était encore l'île Eslami.

Près du village de Gamichi, je vois des champs de pommiers sympathiques. Mais il y a du monde sur le chemin d'accès, et me voilà invitée à prendre le thé dans un petit café-restaurant où une vingtaine de gars du village viennent fumer le qalyan (nom persan du narghilé). Un d'entre eux, un grand baraqué souriant, m'invite chez lui. J'hésite mais un autre client qui faisait l'interprète azeri/anglais me dit que c'est safe, no problem. Et en effet, l'accueil dans la famille d'Askhar et Parisa est on ne peut plus cordial et sympathique. Et en plus sa sœur Fariba parle très bien anglais !

Mes hôtes à Gamichi.

Ils sont tous venus passer Noruz chez leur grand-mère, et c'est avec grand plaisir que je profite de nouveau de leur hospitalité à Orumieh le lendemain, chez leurs cousines et cousin Maryam, Farzaneh, Fatimeh et Amir-Hossein. NB : la photo est prise dans la cour de la maison. De l'autre côté du portail, les femmes doivent porter une tenue plus islamiquement correcte, mais bien souvent en Iran, cette tenue est juste une tunique plus ou moins cintrée appelée manto, et un foulard ou une écharpe qui laisse apparaître tout le visage et un tiers de la chevelure.

Touristes iraniens au bord du lac d'Orumieh

Puis retour à Tabriz en bus, car à part le tronçon au bord du lac, la route n'était pas trés agréable à vélo.

Exploitation du sel du lac d'Orumieh

Mise en jambes

Ma première étape à vélo a été assez courte mais m'a permis de tester les différentes couches de vêtements chauds que j'ai emportés. Je suis passée de 1400m à 2200m, avec un bon vent frais de face.

Pallett : "Vagabond", album Shahre man bekhand

Région de Tabriz. Massif du Sahand

C'est donc de nuit et pieds presque gelés (le reste, ça va) que je suis arrivée à Kandovan. Et de nuit, comment trouver les gîtes dans un petit village de montagne ?

Réveil sous la neige à Kandovan

Eh bien, comme souvent en Iran, pas besoin de stresser. Kandovan est un site touristique avec un parking payant à l'entrée du village. Maisons troglodytes de Kandovan Aussitôt que les 2 gardiens ont aperçu la lueur de ma frontale, ils sont sortis de leur cahute et m'ont invitée à y prendre un thé pour me réchauffer. Grâce aux quelques mots de persan qui me restent de l'an dernier, ils ont compris que je n'avais rien réservé et que je n'étais a priori pas intéressée par l'unique hôtel 5 *. Alors ils ont téléphoné à un ami qui fait gîte, et Ali m'a attendue un peu plus loin.

J'ai donc passé la nuit dans une petite maison troglodyte, pendant que mon vélo dormait dans la camionnette d'un marchand de miel de la rue principale, en bas des escaliers. Le seul inconvénient, c'est que j'ai dû acheter un gros pot de miel avant de repartir le lendemain, et le bourrer dans mes sacoches déjà bien lourdes...

Pain lavash dans une boulangerie d'Osku. Taarof et hospitalité : j'ai demandé 3 fois à payer mon pain...

Accessoirement, cette première étape m'a aussi permis de vérifier qu'en Iran, on peut prendre les autoroutes à vélo sur la bande d'arrêt d'urgence. Pas agréable, mais difficile de faire autrement en sortie des grandes villes. Et le jour de Noruz, il n'y avait pas beaucoup de circulation, c'était faisable.

Kandovan

Ah, au fait, pour les Grenoblois, je tiens à préciser : quand je parle d' autoroutes à vélo, en Iran, il ne s'agit pas de pistes cyclables, mais de vraies autoroutes avec mon vélo sur la bande d'arrêt d'urgence...

21 mar. 2015

Bonne année 1394 !

Suivant le bon conseil de Nasser au Tourist Information office, je profite du calme du Nouvel-An persan, Noruz, pour quitter Tabriz et pédaler vers Kandovan.

Noruz : les 7 s

Mais la veille, les rues étaient noires de monde, comme en France la veille de Noël, à ceci près que le décor traditionnel est composé de 7 objets dont le nom commence par "s", les haft sin, qui symbolisent l'arrivée du printemps, la santé, la prospérité, et tout de bon. Le plus typique est sabze, la verdure (le plus souvent des pousses de blé).

Hayedeh : "Ey zendegi salaam"

Préparatifs de Noruz

A part ça, j'ai visité Tabriz en compagnie de plusieurs Azeris successifs (Ahmed, Mehdi, Navid et Omid, Poura et Amir) qui se font un plaisir d'accueillir et de guider un peu les étrangers de passage. J'ai aussi longuement bavardé avec Haldi, qui m'a invitée dans un bar à qalyan (le narguilé persan), et n'a pas hésité à me dire le mal qu'il pensait du sénateur dont le fils m'avait invité l'an dernier à un repas familial près de Kerman, ou au contraire le bien qu'il pensait de ses concitoyennes qui, chaque saison, portaient des vêtements plus courts d'un centimètre.

Tabriz. Pause qalyan dans un salon de thé

Et j'ai fait la connaissance de David et Pere, 2 cyclo-voyageurs respectivement suisse et catalan, également en route pour le Pamir. On a arrosé le Nouvel-An persan au thé dans notre petite chambre d'hôtel, parce que Noruz est une fête familiale pour les Iraniens, faut pas compter trouver des bars ou des boîtes ouverts ce soir-là.

Centre de Tabriz. Ancien hamman reconverti en salon de thé

18 mar. 2015

Welcome to Iran !

Un bâtiment historique dont j'ai oublié le nom, à Tabriz. Peut-être la mosquée Kabud

Même quand on sait à quoi s'attendre, l'accueil iranien est bluffant. Et cette fois, il a commencé en Turquie, sur le quai de la gare de Van. Prendre le train de nuit Van-Tabriz n'est pas vraiment reposant, mais je vous recommande l'expérience !

Rahim Shahriari: "Yalan donya", album Bagh meshe

Et en attendant une mise à jour + complète (y a tout ce qu'il faut à Tabriz), un air azéri, puisque je suis rentrée en Iran par sa province appelée Azerbaidjan occidental. Cf annexe, ou cliquer ci-dessus.

Azéris d'Iran. Ils dansaient au son de leur auto-radio et m'ont offert un thé bien chaud.

// Mise à jour avec les détails sur les transports : voir rubrique "Boîte à outils", page "Traversée de Turquie:..."

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